Pour la sixième année consécutive, notre rubrique « 100 mots pour
le dire » met à la une de notre blog la «micro-nouvelle du mois ».
Chaque mois, nous sommes surpris
par l’extrême diversité de genre, de ton, de style… des textes qui nous sont
adressés.
Nous espérons que cette liberté
et cette richesse se retrouvent dans le palmarès. Mais nous n’ignorons pas
qu’en faisant un(e) élu(e) nous faisons aussi beaucoup de déçu(e)s !
Pour 2017, le choix du comité de
lecture d’Harfang (différent de celui des « micro-nouvelles ») s’est
porté sur « Sylvie » de Cécile d’Estienne.
Cette dernière, fidèle abonnée à la revue et à la rubrique verra son abonnement
prolongé.
Mention spéciale à la micro-nouvelle de Marie-Agnès Tuscan-Ollier,
arrivée en seconde position.
A relire ci-dessous.
Merci de poursuivre cette
aventure en notre compagnie en nous adressant vos « micro-nouvelles »
de 100 mots maximum (contrainte impérative) à l’adresse suivante :
Sylvie
C
|
e
dimanche, en marchant au creux du sentier ombragé, son pas ne sonnait pas comme
à l'accoutumé. Il était amorti par
une épaisse mousse verte, ouatée et dense. Même en fermant les yeux, elle
voyait encore la forêt tout en voutes suspendues au-dessus d'elle et ses hautes
futaies telles les colonnes d'un temple dont les piles soutiendraient le ciel.
Dans ce sanctuaire hypèthre où il régnait un silence habité de bruits feutrés,
circulait, entre les troncs, un souffle humide et palpitant de sève. Les
feuilles frémissaient. Son cœur battait. Sa présence, elle-même, était bue par
la force végétale qui l'enserrait.
L
|
es
soirs d’infini désespoir, dans le crépuscule tropical brutal, croix du sud
bijou dans le noir, la nuit africaine t'étreignait. Tam-tams sauvages sur la
dune, feux de brousse attisés au vent brûlant, broche blafarde de la lune, la
nuit africaine t'affolait. Étendue nue dans la moiteur, souvenir lointain d'un
avant violent, engloutie dans cette noirceur, la nuit africaine t'oppressait.
Sillon d'un disque ressassé, onde rassurante d'un chant puissant, tu oubliais
présent et passé, la nuit africaine t'apaisait. Mal ici, mal là-bas, toujours
sur le fil du funambule, tu errais de rêves en rêves, la nuit africaine
t'enivrait.
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