En attendant le Prix 2018… retour
sur les lauréats et finalistes des éditions précédentes
Que
sont-ils devenus ? Qu’ont-ils
publié ? Depuis la première édition en 2006, nous avons toujours essayé de
suivre leurs « traces » éditoriales. Pour chacun d’entre eux, le Prix
de la Nouvelle d’Angers était leur première publication… mais loin de s’arrêter
là, ils et elles ont poursuivi leur chemin d’écriture. En voici la preuve avec
leur bibliographie qui n’a cessé de s’allonger d’année en année… Histoire de
donner envie de découvrir et/ou de (re)lire des recueils de qualité.
Rappelons pour mémoire les
lauréat(e)s et les finalistes
En 2006, la lauréate était Patricia Chauvin-Glonneau avec Au gré
des îles et des fantasmes (Siloë).
Depuis, outre des nouvelles publiées dans les N° 31 & 34 d’Harfang, elle a
publié un recueil en 2015 :
Le regard d’Edith, P. Chauvin-Glonneau, éditions
La Simarre, 92 p.
(Compte-rendu à lire dans Harfang N° 46)
Quinze courtes nouvelles (d’une à
huit pages) comme autant de devoirs de mémoire, rappelant personnes ou
événements liés aux guerres du siècle dernier : guerre d’Espagne, seconde
guerre mondiale… et tout ce qui en résulte : bombardements, déportations,
occupation, actes de résistance…
Quinze nouvelles comme autant de
commémorations qui valent bien des minutes de silence, des cérémonies du
souvenir et des plaques commémoratives !
En 2008, le lauréat est Marc Bénard
avec Vestiges
du déchirement (Siloë). S’il n’a publié aucun recueil, il n’en est pas
mois actif en poursuivant son travail d’édition au sein de l’APA (Association
pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique) et en publiant ses
nouvelles dans Les Cahiers de l’APA… sans oublier Harfang auquel il reste
fidèle en publiant des nouvelles inédites dans les N° 38, 47 & 49.
Parmi
les finalistes, Benoit Camus s’est fait remarquer avec plusieurs
publications dont un recueil de nouvelles Import-export en 2012, Le
bunker, troisième témoignage en 2015, Chroniques d’un père au foyer en
2017 tous publiés aux éditions J. Flament. Et bientôt paraîtra La
mort du dauphin François (15 K éditions).
Import-export, Benoît Camus, Ed. Jacques Flament
Les êtres humains
sont-ils des marchandises, comme pourrait le laisser supposer le titre de ce
recueil et comme le montrent certains faits divers à la une des médias ?
Exilés ou émigrés contraints de quitter leur pays, clandestins traversant les
frontières souvent arrêtés ou refoulés, sans papiers frappant aux portes de nos
pays qui leur semblaient un eldorado… La liste est longue et nous est connue... B. Camus nous plonge au
cœur des tragédies de notre époque moderne, dans la conscience des marins se
demandant s’il faut jeter les clandestins par-dessus bord, dans celle du
policier s’interrogeant sur la nécessité d’arrêter ceux qui franchissent la
frontière. Ni discours, ni morale de la part de l’auteur, certaines nouvelles
se terminant non par la chute fatale… mais par une ouverture sur un avenir
incertain !
De son côté, Annick Demouzon a poursuivi ses publications en revues et multiplié les récompenses, notamment pour ses deux recueils parus en 2011 : Virage dangereux dont la nouvelle titre a été publiée dans Harfang N°33 (Édition le Bas Vénitien – Prix Agora) et À l'ombre des grands bois (Éditions du Rocher - Prix Prométhée) (Compte-rendu à lire dans Harfang N° 40) :
De son côté, Annick Demouzon a poursuivi ses publications en revues et multiplié les récompenses, notamment pour ses deux recueils parus en 2011 : Virage dangereux dont la nouvelle titre a été publiée dans Harfang N°33 (Édition le Bas Vénitien – Prix Agora) et À l'ombre des grands bois (Éditions du Rocher - Prix Prométhée) (Compte-rendu à lire dans Harfang N° 40) :
À l'ombre des grands bois, A. Demouzon, Le Rocher, 168 p.
La photographie est au centre de chacune des
quatorze nouvelles de ce recueil. Loin d’être un instantané, un cliché qui
fixerait et figerait une scène ou une situation… chacune nouvelle révèle ce qui
est caché à première vue. On lève le voile noir sur celui qui a pris la photo,
sur les conditions de la scène ; on s’attarde sur le prétexte (ce qui
s’est passé avant), sur le contexte (ce qu’il y a à droite, à gauche, à côté,
au-dessus…).
Chaque nouvelle devient donc la légende d’une photo
qui guide le lecteur vers ce qu’il s’agit de lire au-delà des apparences.
En 2010, Sylvie Dubin est la lauréate avec
Selon elles (Siloë).
Poursuivant sur sa lancée, elle est lauréate de nombreux prix de nouvelles
(Calypso…) et publie en revues comme L’Encrier renversé et bien sûr Harfang N°37 & 46. En 2015, elle publie un
deuxième recueil :
L’empouse et autres
écarts,
Sylvie Dubin, Paul&Mike, 258
p.
(Compte-rendu à lire dans Harfang N° 46)
Chacune des 14 nouvelles se situe
entre rêve et réalité et repose sur un écart par rapport à la logique dans les
actes les plus simples de la vie quotidienne. Écart aussi par rapport aux codes
et aux genres littéraires. Écart de langage enfin qui génère souvent l’histoire
elle-même.
Avec son lot de miroirs, de
doubles, de cercles et de labyrinthes, on se trouve bien dans un univers
fantastique ; mais au-delà des clins d’œil évidents à Borgès et Cortazar, dans cette bibliothèque infinie qui se tient à
l’envers de ce recueil, il y a aussi des
références à des livres et des auteurs imaginaires qui ne doivent pas faire
oublier que l’humour est aussi un forme d’écart, une prise de distance par
rapport au réel.
Puis
en 2016 un troisième recueil historique exemplaire qui a obtenu (excusez du
peu !) 3 prix : le Prix Ozoir’elles 2016, le Prix Litter’halles et le
Prix Boccace 2017 :
Vent
de boulet,
Sylvie Dubin, Ed. Paul&Mike,
264 p.
(Compte-rendu à lire dans Harfang N° 48)
On peut ne pas aimer les recueils
de nouvelles et on peut ne pas aimer les récits historiques, mais devant ce
troisième recueil de S. Dubin,
aucune généralité, aucun préjugé ne peut résister à la lecture !
De la première page de
« Bleu horizon » qui raconte les signes avant-coureurs de la Guerre
14-18 à Merlet-Font avant la déclaration du 1er août jusqu’à la
dernière page de « Blanc, bleu... » où l’on érige en 1920 un monument
aux morts dans cette même commune de Normandie, le lecteur est plongé dans les
petites histoires de la Grande Guerre.
Comme pour ses précédents
recueils, S. Dubin a composé, organisé un ensemble unifié en
procédant par parallélismes, reprises et effets de miroir. Mais l’originalité
réside surtout dans le choix des sujets et dans le point vue qui surprend à
chaque fois le lecteur qui peut alors s’interroger sur ces petites histoires
qui font la grande Histoire.
Au final, ce recueil est beaucoup
plus qu’un recueil de nouvelles, plus qu’un « roman-par-nouvelles »,
plus qu’un récit historique qui serait réservé à quelques amateurs de nouvelles
ou de récits historiques. C’est un livre qui s’adresse à tous et que chacun
doit lire, toutes affaires cessantes.
En 2012, la lauréate est Marie Pontacq avec Coup de sang sous les flamboyants
(Siloë). Depuis, outre son travail de traductrice, elle poursuit sa
participation aux prix et concours (Prix Hervé Bazin de la microfiction 2016) et la publication de nouvelles dans les N° 48
& 50 d’Harfang… et deux textes courts en 2016 :
La
Chambre rouge de l’hôtel Sacher,
Pontacq, J. Flament, 114 p.
Les
compagnons du Flamboyant,
Pontacq, Éd. du Jasmin, 192 p.
(Compte-rendu à lire dans Harfang N° 48)
Comment
une fille peut-elle vivre à l’ombre d’une mère qui attire à elle toute la
lumière ?
C’est
la question que se pose celle qui fut conçue lors d’une rencontre de hasard,
dans la célèbre Chambre rouge de l’Hôtel Sacher de Vienne, par sa mère, Terésa
Stern (« étoile » en allemand), à la fois astre et star, qui a brillé
sur la scène des théâtres du monde entier, collectionnant les succès et les
amants.
Court
roman ou longue nouvelle, l’étiquette ou l’appellation importe peu tant
l’intensité du récit, la qualité du style et la beauté poétique de l’ensemble
l’emportent sur toute autre considération.
Parallèlement,
Marie Pontacq livre aussi un
ouvrage pour la jeunesse Les compagnons
du Flamboyant… comme une suite historique à son premier recueil Coup de sang sous les flamboyants,
lauréat du Prix de la Nouvelle de la Ville d’Angers en 2012.
Depuis,
Anne-Claire Boshâ anime un atelier
d’écriture et a publié un premier roman en 2015 :
Sur
un cheveu,
Anne-Claire Boshâ, Éditions J.
Flament, 114 p.
(Compte-rendu
à lire dans Harfang N°48)
Dans ce premier roman d’A.-C. Bosha (nouvelliste remarquée dans
Harfang N° 45), deux histoires se superposent, s’entremêlent.
On suit d’abord la naissance de
Laure, son enfance auprès d’une grand-mère qui ne supporte pas les pleurs, son
adolescence entre la musique et les copains, ses premières amours (notamment
avec Nathanaël qu’elle aime sans le dire). Puis viennent les années où elle
déroule « le film avorté de ses amours fictives » et où elle
s’enferme peu à peu dans un monde rêve qui la conduit vers l’hôpital et bientôt
derrière les murs d’un asile.
Parallèlement, on découvre
l’histoire de la grand-mère de Laure, partie en Indonésie dans les années 30.
Retenue comme prisonnière à partir de 1942 par l’armée japonaise, elle fait
alors connaissance avec « Banjoebiroe, les camps, les Japonais, les
menaces, les drapeaux, la faim, la hantise des pleurs et des cris des
enfants… » (p. 141) et elle ne retrouvera sa liberté qu’à la capitulation
du Japon.
Entre la France et Java, entre
hier et aujourd’hui, entre la grand-mère et la petite fille, entre le rêve et
la réalité se tisse un roman de l’enfermement où la seule porte de sortie, le
seul salut semble se trouver dans la création, dans l’écriture.
Julius Nicoladec a publié Petits écarts un recueil qui rassemble une quinzaine de nouvelles écrites ces dernières années et primées en concours ou publiées en revues (Florilège, Harfang, Möbius, XYZ…) ou collectifs.
Marie Christine Quentin a publié son recueil finaliste Des bleus au ciel (L’Harmattan) en 2015 et un second recueil A fleur de sel (L’Harmattan) en 2016. Elle est devenue la responsable de la collection « Nouvelles nouvelles » aux éditions L’Harmattan.
Gilles
Verdet finaliste 2014, avec un
recueil intitulé Fausses routes (Rhubarbe, 2016), a reçu le Grand Prix de
la nouvelle de la SGDL :
(Compte-rendu
à lire dans Harfang N° 49)
Ici, le titre de ce recueil de
cinq nouvelles noires n’est-il pas
d’emblée un signal de l’auteur pour prévenir les « fausses routes »
inhérentes à toute lecture.
À peine le lecteur est-il arrivé
à la troisième nouvelle intitulée « Prises de vue » qu’il est
amené à retourner en arrière pour mieux démêler ce qu’il a lu et cru
comprendre.
Dans tous les cas, l’auteur, à
l’image du Petit Poucet, a semé des cailloux que le lecteur devra suivre pour
retrouver son chemin.
Rarement un ensemble de nouvelles
a été aussi organisé pour composer -au sens où l’entendait J.-N. Blanc- un véritable « roman-par-nouvelles ».
Les membres de la SGDL qui ont voté pour lui et lui ont attribué leur Grand
Prix de la Nouvelle 2016 ne s’y sont pas trompés… et à travers lui, ils ont
aussi récompensé le travail des éditions Rhubarbe et surtout d’Alain Kewes qui défend depuis des décennies la
bonne nouvelle.
En 2016, Emmanuel Roche était le lauréat avec Un
piano à la Nouvelle-Orléans (Paul&Mike). Depuis, il a reçu le Prix
jazz en Velay 2917 pour sa nouvelle « Orphée
seul dans la foule ». Il prépare un nouveau recueil et participera au
jury final du Prix 2018.
Allez les filles,
debout !,
B. Chauvin-Ballay, Paul&Mike,
118 p.
(Compte-rendu à
lire dans Harfang N° 51)
Béatrice Chauvin-Ballay, dans un style alerte, nous fait passer entre
les mailles fragiles de ces Manon et ces Fanchon, qui chacune à sa manière,
tente sa chance au casino de la vie.
Cet ensemble lié de 13 nouvelles
annonce, par le rappel subtil des personnages de l’une à l’autre, qu’une
communauté se forme autour des à-peu-près de la vie. Pas seulement faite de
hasards, la vie, mais de rencontres. Il faut relier ces histoires, « comme
les perles d’un collier ». Entrez dans la danse autour du Bar des
tilleuls !
La vie est à tout le monde !
Quant
à Pascal Quéré, avec beaucoup de
ténacité, il a aussi réussi à publier son recueil finaliste :
Sous
la couverture,
Raphaël Morgano, 178 pages.
(disponible
sur Internet en version numérique et papier)
Que se passe-t-il « sous la
couverture » ? La première information réside dans le sommaire des 13
nouvelles dont le titre rime en «tion » : Fellation, Rotation,
Hésitation, Provocation, Adaptation, Fiction, Autofiction, Substitution,
Indécision, Érosion, Éclosion, Évasion, Concision. Cette énumération permet la
compréhension des intentions de l’auteur ainsi que sa définition ou sa
conception de la littérature, de la lecture en général et de la nouvelle en
particulier... Et cela dès la première nouvelle qui met en scène les relations
entre auteur et lecteur (lectrice) et dont la chute illustre à la perfection se
qui se passe « sous la couverture » ! Mais aussi avec les
multiples citations et références littéraires de Borgès à Cortazar en passant
par Auster qui sont autant de clins d’œil, de connivences… et de pure
jubilation. Et enfin avec la concision ultime qui clôt le recueil !
Cette belle unité méritait bien
une mention !
En
six éditions, le Prix de la Nouvelle d’Angers (actuellement le seul à primer et
publier un recueil sur manuscrit tous les 2 ans avec pour objectif de révéler de nouveaux talents) a offert aux
lauréats une première publication qui a constitué pour chacun une étape
importante. Ils ont tous (ou presque) poursuivi leur chemin d’écriture à
travers une ou plusieurs publications.
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