jeudi 16 janvier 2025

Meilleures micro-nouvelles de l’année 2024

 Depuis 13 ans et plus que jamais, notre rubrique « 100 mots pour le dire » connait un succès incontestable. Chaque mois, nous découvrons avec plaisir les textes qui nous sont adressés. La compétition entre une dizaine d’habitués (certains ayant été sélectionnés plusieurs fois) et les petits nouveaux qui sont de plus en plus nombreux devient de plus en plus serrée. 

Cette année, notre comité de lecture a établi le palmarès suivant où se côtoient habitués et nouveaux :

d’abord « Hialeah » de Bernard Barbarroux,

puis « Les osmanthes » de Marie Derley

et « Simples » de Viviane Campomar.

 Le concours permanent de la meilleure micro-nouvelle du mois est à consulter sur le blog (www.nouvellesdharfang.blogspot.com) sous l'onglet Micro du mois

Les micro-nouvelles sont à poster sur l’adresse suivante :    revueharfang@laposte.net

 Hialeah

 Elle ne mettait qu’un « z » à blizzard, et lorsqu'il sortait au petit jour, elle craignait que ce ne soit pour toujours. Elle pleurait les nuits d’orages, se souvenait des grands baobabs de l’Okawango et de Bulawayo, préférait passion à prison et douceur à douleur. Elle ressemblait à ces navires sans capitaine, cinglants vers la mer des Sargasses. Alors, il la berçait comme on berce une enfant, gardant dans son cœur la vision de leurs tendres années, loin là-bas, vers les Bighorn Mountains d’où dévalent les torrents furieux et s’élancent les aigles criards pour survoler la vallée.

  © Bernard Barbarroux (Novembre 2024)

 Les osmanthes

  Quand le jardinier a buté sur le premier os, j’ai eu le bon réflexe :

– Laissez, Cédric, mon père avait enterré là son chien.

De nuit, j’ai creusé et retiré le squelette. Ce matin, pendant que je restaure ma manucure dévastée, je regarde le jardinier planter là des profusions d’osmanthes. D’où me vient le pressentiment que le cadavre est une femme ? Comment diable est-elle arrivée là ? Mon silence entérine sa disparition mais si je parle, ils feront sauter mon kiosque. Impensable : c’est lui qui fait tout le charme de mon jardin.

  © Marie Derley (Décembre 2024)

 Simples

 Veuve, enfin. Elle peut se consacrer aux simples. Avec prudence, car suspecte depuis l’enfant mort-né, chaque jour elle affiche sa ferveur à l’église. Dans son antre en terre battue mijote une infusion de joubarbe pour les diarrhées de Marie. Une décoction abortive d’hellébore et de concombre sauvage pour la petite Jehanne souillée par son ordure de père. Les guérisseuses ont la vie brève, l’odeur de chair brûlée du village voisin la hante encore, trois femmes un peu trop libres accusées de copuler avec Satan. D’un coup de pied, elle chasse un chat noir et va prier pour son salut.

 © Viviane CAMPOMAR (Janvier 2024)

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire