Depuis le 31 janvier, nous
n’avons plus de nouvelles d’Annie Saumont.
Photo Michel Durigneux |
Elle qui depuis 1969 (La
vie à l’endroit) n’a jamais cessé de nous donner des nouvelles. Avec
plus d’une quarantaine de recueils. Recueils, traduits dans une quinzaine de
langues et récompensés, entre autres, par l'Académie Goncourt en 1981, la
Société des Gens de Lettres en 1989 et l'Académie Française en 2003…
Nouvelles reconnaissables par un
style dépouillé et par le langage oral caractéristique des personnages qu’elle
met en scène (enfants, exclus, maltraités…) mais aussi par la grande diversité
des sujets abordés, allant des petites scènes de la vie quotidienne jusqu’aux
problèmes les plus inquiétants de nos sociétés contemporaines. De recueil en
recueil, elle a constitué une véritable galerie de portraits, une véritable
« comédie humaine » à la Balzac. Mêlant le léger et le grave, le
sérieux et l’humeur… sans jamais se départir d’une très grande humanité !
C’est sans doute pour cela
qu’elle est aujourd’hui reconnue par tous comme LA nouvelliste française
contemporaine et que ses textes sont étudiés au collège, au lycée et à
l’université en France et à l’étranger… et proposés comme modèles dans les
ateliers d’écriture.
Harfang avait croisé sa
silhouette de « petite souris grise » à lunettes (selon l’expression
de son ami J.-N. Blanc) lors d’un Festival de Saint Quentin au début des années
90. Déjà connue, elle faisait partie des « VRP de la nouvelle » selon
l’expression de René Godenne avec ses amis Christiane Baroche, Georges Olivier
Châteaureynaud, Paul Fournel, Jean-Noël Blanc et quelques autres. Puis ce
furent de nombreuses rencontres, des échanges, des lectures à Angers, à Paris,
à Ozoir-la-Ferrière en 2008… et à Angers de nouveau en 2009 (lire les extraits
de l’entretien ci-dessous) sans oublier les publications dans les N° 35 et
N°40.
Bibliographie (extraits)
Enseigne pour une école de monstres Gallimard 1977
Dieu regarde et se tait Gallimard 1979, H.B. Éd. 2000
Quelquefois
dans les cérémonies Gallimard 1981
Prix Goncourt de la nouvelle
Si on les tuait ? Luneau-Ascot 1984, Julliard 1994
Il n’y a pas de musique des sphères Luneau-Ascot 1985
La terre est à nous Ramsay
1987, Julliard 2009
Prix de la Nouvelle de la ville
du Mans
Je
suis pas un camion Seghers 1989
Prix SGDL de la nouvelle
Quelque chose de la vie Seghers 1990, Julliard 2000
Le pont, la rivière A.M. Métailié 1990
Moi les enfants j’aime pas tellement Syros-Alternatives 1990
Les voilà quel bonheur Julliard 1993
Prix Renaissance de la nouvelle
Après Julliard 1996
Embrassons-nous Julliard 1998
Noir comme d’habitude Julliard 2000
C’est rien ça va passer Julliard 2001
Le lait est un liquide blanc Julliard 2002
Aldo, mon ami Flammarion 2002
Les derniers jours heureux J.
Losfeld 2002
Un soir, à la maison Julliard 2003
Prix de la nouvelle de l’Académie
Française
Les blés J.
Losfeld 2003
Nabiroga J.
Losfeld 2004
La guerre est déclarée et autres nouvelles 2005
koman sa sécri émé Julliard 2005
Un pique-nique en Lorraine J. Losfeld 2005
Un mariage en hiver Éd. du Chemin de fer 2005
Qu’est-ce qu’il y a dans la rue… J.
Losfeld 2006
La rivière Éd. du Chemin de fer 2007
Vous descendrez à l’arrêt Roussillon Bleu
autour 2007
Les croissants du dimanche Julliard 2008
Gammes J.
Losfeld 2008
Une voiture blanche Bleu
autour 2008
Autrefois, le mois dernier Éd.
du Chemin de fer 2009
Encore une belle journée Julliard 2010
Le tapis du salon Julliard 2012
Le Pont Éd. du Chemin de fer 2012
Un si beau parterre de pétunias Julliard 2013
Tu souris tu accélères Éd.
du Chemin de fer 2013
Rencontre avec Annie Saumont
le 19 novembre 2009 à la Bibliothèque anglophone
d’Angers
& dans Harfang N° 35
Vos premières publications sont des romans. Pourquoi êtes-vous
« passée » à la nouvelle ? Que vous apporte la nouvelle que ne
vous apporte pas le roman ?
A. S. : Mon ami Jean-Noël Blanc
et moi nous échangeons nos textes. Nous ne nous faisons pas de cadeaux. Il me
dit souvent « C’est utile ça ?». Souvent je barre.
Mais il ne faut pas exagérer. À
force de dégraisser on peut n’avoir plus qu’un squelette. Le texte doit
« faire sens ». En fait on ne doit enlever que ce que le lecteur sera
capable d’imaginer lui-même, parce que le lecteur a son rôle à jouer. L’auteur
laisse des trous et le lecteur les bouche. La nouvelle est « sans le lecteur, quelque chose qui n’est pas encore écrit »
(Maurice Blanchot)
Êtes-vous d’accord lorsqu’on qualifie vos textes de « noirs… comme d’habitude » pour
reprendre un de vos titres ?
A. S. : Oui, ou dans les tons de
gris jusqu’au noir. Avec de l’humour qui les éclaire.
Y-a-t-il une place pour la nouvelle en général (vos nouvelles en
particulier) en dehors des revues et des recueils ?
A. S. :
Mes nouvelles ont souvent servi de « matériau » aux gens de théâtre.
Plusieurs ont été réalisées en court métrage. J’ai moi-même fait pour
France-Culture des adaptations radiophoniques, sans rien changer au texte.
Enfin des comédiens, en ces temps de « lecture à voix haute » les
lisent en public.
J’aime aussi… les lire moi-même.
Et ce soir là, elle avait tenu à rester debout plus d’une
heure et demie pour lire ses nouvelles et pour répondre au public. Bon pied,
bon œil. Voix ferme et œil malicieux devant l’objectif du photographe Michel
Durigneux.
Commentant la couverture de son
recueil Dieu regarde et se tait (2000), elle disait de Dieu qu’il « regarde en haut… Il ferait mieux de
regarder en bas »
Aux dernières nouvelles, il
paraît que de là-haut, elle regarde en bas et qu’elle continue à écrire des
nouvelles !
Alors on attend avec impatience
des « nouvelles de là-haut »,
ce sera peut-être le titre de son prochain recueil ?
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