Pour la cinquième
saison, notre rubrique « 100 mots pour le dire » a connu une pause,
faute d’envois en quantité et en qualité. Cependant comme les années passées,
parmi celles que nous avons publiées sur le blog et après le vote des
lecteurs habituels du comité d’Harfang (différent de celui des
« micro-nouvelles) nous avons choisi «Nettoyage à froid » de Charles Louis comme
micro-nouvelle de l’année 2016 !
Il gagne un
abonnement d’un an à la revue.
Nous la re publions
ci-après… ainsi que celle classée en seconde position : « Pont »
de Régine Bobée.
Pour que l’aventure
se poursuive de manière continue en 2017,
n’hésitez pas à nous adresser une « micro-nouvelle » de 100
mots maximum (contrainte impérative) à l’adresse suivante :
Nettoyage à froid
par Charles Louis
Dans
les séries, le meurtrier fait disparaître les traces de sang sur ses mains en
quelques secondes. Un filet d'eau suffit. Il faut en réalité beaucoup plus de
temps, laver avec application surtout au niveau des jointures si on a cogné,
sous les ongles et jusqu'aux cuticules quand il a fallu griffer. Le nettoyage
des vêtements aussi est chronophage. À l'eau vinaigrée très froide - jamais
d'eau chaude car le sang coagule - et à la brosse à poils souples. Il faut
patiemment frotter le tissu dans le sens des fibres. En général, après cela, je
dors toute la journée.
par Régine Bobée
Cent ans qu’ils m’ont
construit pour relier la ville à cette zone industrielle. Je suis le pont de
fer, là-bas derrière, en toile de fond. Avant, la rivière était claire, les
mômes s’y baignaient. Ces deux là en étaient. La vie a suivi son cours. Ils
n’ont jamais quitté cette rive. Jamais posé un pied sur mes traverses. Leurs
enfants sont passés, pour aller travailler... Peut-être qu’un jour leurs
arrière-petits-enfants pourront à nouveau se baigner dans la rivière. On ne
sait pas... Je suis le pont, la barre de fer qui raye leur horizon. Bientôt, je
tomberai à l’eau, en morceaux.
© Régine BOBÉE (Avril 2016)
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