mercredi 17 janvier 2018

MEILLEURES MICRO-NOUVELLES 20177

   Pour la sixième année consécutive, notre rubrique « 100 mots pour le dire » met à la une de notre blog la «micro-nouvelle du mois ».
Chaque mois, nous sommes surpris par l’extrême diversité de genre, de ton, de style… des textes qui nous sont adressés.
Nous espérons que cette liberté et cette richesse se retrouvent dans le palmarès. Mais nous n’ignorons pas  qu’en faisant un(e) élu(e) nous faisons aussi beaucoup de déçu(e)s !
Pour 2017, le choix du comité de lecture d’Harfang (différent de celui des « micro-nouvelles ») s’est porté sur « Sylvie » de Cécile d’Estienne. Cette dernière, fidèle abonnée à la revue et à la rubrique verra son abonnement prolongé.
Mention spéciale à la micro-nouvelle de Marie-Agnès Tuscan-Ollier, arrivée en seconde position.
A relire ci-dessous.
 
Merci de poursuivre cette aventure en notre compagnie en nous adressant vos « micro-nouvelles » de 100 mots maximum (contrainte impérative) à l’adresse suivante :


       
Sylvie

C

e dimanche, en marchant au creux du sentier ombragé, son pas ne sonnait pas comme à l'accoutumé. Il était amorti par une épaisse mousse verte, ouatée et dense. Même en fermant les yeux, elle voyait encore la forêt tout en voutes suspendues au-dessus d'elle et ses hautes futaies telles les colonnes d'un temple dont les piles soutiendraient le ciel. Dans ce sanctuaire hypèthre où il régnait un silence habité de bruits feutrés, circulait, entre les troncs, un souffle humide et palpitant de sève. Les feuilles frémissaient. Son cœur battait. Sa présence, elle-même, était bue par la force végétale qui l'enserrait. 
 © Cécil d’ESTIENNE (Janvier 2017)

 
 Nuit africaine
 
L

es soirs d’infini désespoir, dans le crépuscule tropical brutal, croix du sud bijou dans le noir, la nuit africaine t'étreignait. Tam-tams sauvages sur la dune, feux de brousse attisés au vent brûlant, broche blafarde de la lune, la nuit africaine t'affolait. Étendue nue dans la moiteur, souvenir lointain d'un avant violent, engloutie dans cette noirceur, la nuit africaine t'oppressait. Sillon d'un disque ressassé, onde rassurante d'un chant puissant, tu oubliais présent et passé, la nuit africaine t'apaisait. Mal ici, mal là-bas, toujours sur le fil du funambule, tu errais de rêves en rêves, la nuit africaine t'enivrait.
 © Marie Agnès Tuscan-Ollier (avril 2017)