Auteurs


 
 
Voici les fiches de présentation bio-bibliographique de plusieurs dizaines d'auteurs -principalement nouvellistes-  présents à la fois lors des soirées des "Dits et Nouvelles" et dans la revue Harfang. Rédigées entre 1993 et 2013 par Joël Glaziou (sauf mention contraire) dans le cadre du partenariat entre les associations Le Chant des Mots, Nouvelles R et les Bibliothèques d'Angers, elles sont présentées ici dans l'ordre alphabétique.
 
 
JACQUES ABEILLE

 Jacques Abeille est né en 1942. Il vit et travaille à Bordeaux. Il a beaucoup fréquenté les surréalistes. Son œuvre littéraire et picturale échappe à toute tentative de classification et ouvre sur une grande diversité de lectures possibles, du roman d’apprentissage à la réflexion philosophique, de l’approche ésotérique à l’érotisme.
La principale originalité de son projet réside sans doute dans le fait que chaque texte, roman ou fragment, d’abord conçu comme un épisode « périphérique » prend ensuite place dans le « cycle des contrées » et vient éclairer l’ensemble, composant ainsi un vaste puzzle d’un monde imaginaire en perpétuelle extension.

Bibliographie (extraits)


 
Le voyageur attardé                         Deleatur                1981
Un cas de lucidité                             Deleatur                1984
Le veilleur de jour                           Flammarion           1986
La clef des ombres                           Zulma                   1991
En mémoire morte                           Zulma                   1992
Les carnets de l’explorateur perdu  Ombres                1993
Lettre de Terrèbre                            Deleatur                1995
Divinités du rêve                             L’Escampette        1997
Le peintre défait par son modèle     Deleatur               1999
Louvanne                                        Deleatur                1999
L’Arizona                                        Deleatur                2000
Celles qui viennent avec la nuit      L’Escampette       2000
Les carnets de l’amateur                 L’Escampette       2001
Un beau salaud                               Deleatur                2001
L’écriture du désert                          Deleatur               2003
Les jardins statuaires                       Joëlle Losfeld      2004

 
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MARCEL ARLAND 


(1899-1986)

 
Qui, en cette fin de siècle, s’intéresse encore à Marcel Arland, « ce dernier dinosaure des Lettres françaises » selon la formule d’un journaliste ? Malgré une commémoration très discrète, son purgatoire ne se prolonge-t-il pas anormalement ?
Car qui a oublié qu’il fut prix Goncourt en 1929 pour son roman L’ordre ; qu’il fut le rénovateur des décades de Pontigny ; qu’il fut le directeur de la NRF ; qu’il entra à l’Académie française en 1968 ?… 
Oublié le critique ? Oublié le romancier brillant qui abandonna pourtant ce genre en 1947 ?… mais qui peut oublier le nouvelliste qui sut défendre et illustrer le genre, et surtout renouveler la conception du recueil conçu comme un ensemble où chaque nouvelle renvoie à toutes les autres. C’est en cela que réside sa modernité et qu’aux yeux des spécialistes, il restera le nouvelliste exemplaire du siècle.

Joël Glaziou

 

« .C’est le triomphe de la nouvelle que de sembler n’être faite de rien –sinon d’un instant, d’un geste, d’une lueur, qu’elle isole, dégage et révèle, qu’elle emplit de sens et de pathétique- »  

Le Promeneur, 1944

 « Ce livre n’est pas un recueil, mais un ensemble de nouvelles. Chacune d’elles a été conçue par rapport à cet ensemble […] par la reprise de certains thèmes ou de certaines situations, qui changent d’éclairage et presque de sens, par l’opposition et l’accord des techniques, des accents, des ombres et des lumières… »

Le grand pardon, 1965, Marcel Arland

 

Bibliographie (recueils de nouvelles)


 
Les âmes en peine                                   Gallimard              1927
Les vivants                                               Gallimard              1934
Les plus beaux de nos jours                      Gallimard              1937
La Grâce                                                   Gallimard              1941
Il faut de tout pour faire un monde          Gallimard              1947
Sidobre                                                     Minuit                   1949
L’eau et le feu                                           Gallimard              1956
A perdre haleine                                       Gallimard              1960
Le grand pardon                                       Gallimard              1965
Attendez l’aube                                         Gallimard              1970

   
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BALZAC

 (1799-1850)

 
Comment lire Balzac aujourd’hui ? Cette question se pose et s’impose. La modernité a souvent montré sa préférence pour Flaubert, qui demeure -par tant d’aspects- aux antipodes de l’auteur de La Comédie Humaine. Mais comme l’a fort bien remarqué Proust dans Contre Sainte-Beuve, le polissage stylistique de Flaubert convertit « toutes les parties de la réalité (…) en une même substance, aux vastes surfaces, d’un miroitement monotone ».
Un miroitement monotone ? Aucun but littéraire ne peut être plus éloigné de la vision à la fois foisonnante et microscopique de Balzac, lequel d’ailleurs (comme le révèlent ses jeux d’épreuves) travaillait autant que Flaubert son style, jusque dans les plus infimes détails. Le lieu commun selon lequel « Flaubert écrit bien, Balzac écrit mal » n’a plus de sens si l’on perçoit que l’écriture balzacienne, certes composée de traits hétérogènes, est en fait profondément marquée du sceau de la passion qui l’engendre, la propulse, la dirige et en assure l’unité. C’est d’ailleurs grâce à ce grand engagement émotionnel que les œuvres de Balzac vieillissent si bien, quoiqu’elles soient truffées de détails historiquement datés. C’est bien du Balzac que nous lisons, pas n’importe quel romancier compétent.
Quelles sont les leçons à tirer de cet engagement personnel, de cet enthousiasme irrépressible ? Chez Balzac, il s’agit non seulement d’un acharnement à décrire et analyser la réalité dite « objective », mais aussi d’une haute volonté de s’incarner dans l’acte même d’écrire. Nous connaissons le « réaliste » des manuels scolaires. Nous ne connaissons pas encore assez le grand Balzac subjectif.

John Taylor
 
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CHRISTIANE BAROCHE
 
Christiane BAROCHE, après 42 ans de Biologie et 36 ans d'écriture, n'a plus... ne ressent plus l'envie de courir le monde, elle écrit. Aujourd'hui comme hier, elle soutient la nouvelle dans plusieurs jurys, dans un atelier d'écriture consacré à cette passion qui, hélas, n'a pas assez d'amateurs en France. Alors elle signale "urbi et orbi" l'existence de concours, ouvrant parfois la publication à de jeunes auteurs. Aux moins jeunes, itou. Bref, c'est une passionnée du genre depuis l'âge de 8 ans, grâce aux Sabines" de Marcel AYME, lesquelles lui apprirent que se multiplier jusqu'à 65 000 était absurde, se dédoubler suffisait. Elle s'en tient donc à sa double appartenance ! Science et Lettres ! 

Bibliographie



Les feux du large        Prix Drakkar         nouvelles     Gallimard    1975
Chambres avec vue sur le passé               nouvelles              Gallimard    1978
Prix Goncourt de la Nouvelle


Pas d’autres intempéries que la solitude    nouvelles            Gallimard    1980
…Perdre le souffle                                    nouvelles              Gallimard    1982
Un soir, j’inventerai le soir                       nouvelles              Actes Sud   1983
Plaisirs amers                                             roman                  Actes Sud   1984
L’Hiver de beauté           roman                Folio n°2181         Gallimard    1987
Et il ventait devant ma porte                     nouvelles              Gallimard    1989
Giocoso, ma non…       nouvelles             Presses de la Renaissance        1990
Le Boudou                                                  récit                     Grasset       1991
Les Ports du silence                                   roman                  Grasset       1992
Bonjour, gens heureux                 nouvelles              Julliard l’Atelier     1993
Prix de la Nouvelle de la SGDL
La Rage au bois dormant           roman         Poche n° 14423  Grasset    1995
Les Petits bonheurs d’Héloïse                   roman                   Grasset       1996
Ailleurs, sous un ciel pale                         roman         Castor Astral        1997
Petit traité de mauvaises manières            roman                  Grasset       1998
La Petite sorcière de l’hôpital                 nouvelles              Le Verger    1999
L’Homme de cendres                                 roman                  Grasset       2001
Attention, chaud devant                            nouvelles     Transbordeurs      2007
Neuvième jour                                                                         Rhubarbe    2010

 
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SILVIA BARON SUPERVIELLE
 

Silvia Baron-Supervielle, née à Buenos-Aires en 1934, vit à Paris depuis 1961. Débutant sa carrière littéraire en espagnol, sa langue natale, elle finit par choisir (après une longue période de silence, de poursuivre son œuvre en français. Comme l’indique le titre de l’un de ses récits, elle explore les « frontières ». Elle se penche sur les passages mystérieux entre passé et présent, entre soi et Dieu, entre enracinement et exil, entre le Nouveau Monde et l’Europe, entre les phénomènes du monde naturel et ce qu’elle appelle (citant Reverdy) « le réel absent ». Que Silvia Baron-Supervielle s’exprime en prose  ou en poésie, il s’agit d’une écriture, d’une quête spirituelle de la plus haute exigence.

John Taylor

 
« Les souvenirs sont des événements du présent. Ils m’arrivent à mesure que les nuages se fissurent sur les tours de l’Hôtel de Ville. Une péniche se gare contre la berge à hauteur de la guérite. Cela est inhabituel, comme l’est aussi le fait que les passagers sur le quai soient des enfants ; ils n’embarquent pas sur la péniche, mais se penchent sur elle en attendant le bateau-bus. Soudain la pluie fustige les vitres, le fleuve est harcelé par des milliers de chevrotines, les enfants courent s’abriter sous la guérite. […] Des lieux, des événements fugitifs, comme si dans ces lieux, lors de ces événements, je n’avais été qu’un témoin. J’entrevois les séquences ; je cherche l’histoire qui me relierait, mais je ne saisis que ces fragments[…] Est-ce ma mère qui tira vers elle le fil de l’histoire en me quittant ?Se trouverait-elle près de moi, je pourrais peut-être la reconstruire :un fil entier brillerait sur la table. Je pourrais, aujourd’hui, le suivre d’un bout à l’autre sans mélanger les dates, sans oublier un visage, un fait, sans omettre les circonstances qui déterminent son parcours. Or, balbutiantes, les séquences défilent selon les nuages, selon les éclats du soleil ou de la pluie, selon la surprise des mots. »

Silvia Baron-Supervielle  La ligne et l’ombre, Le Seuil,1999

 

Bibliographie


La Distance de sable                        poésie                  Granit          1983
Lectures du vent                              poésie                   José Corti    1988
L’or de l’incertitude                         prose                   José Corti    1990
L’eau étrangère                               poésie                   José Corti    1993
Le Livre du retour                             prose                   José Corti    1993
La Frontière                                    prose                    José Corti    1995
Nouvelles cantates                           prose                   José Corti    1995
Après le pas                                      poésie                   Arfuyen       1997
La ligne et l’ombre                          prose                   Le Seuil       1999


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CATHIE BARREAU

 
Née en Vendée en 1957, Cathie Barreau a créé et dirigé la Maison Gueffier à La Roche-sur-Yon durant 14 ans. Tout en animant de nombreux ateliers d’écriture, notamment en milieu pénitentiaire, elle a participé à la création d’un diplôme de formation universitaire à l’animation d’ateliers d’écriture à l’Université de Rennes. Aujourd’hui elle organise des formations et des événements autour de la littérature contemporaine et elle est chargée de la mise en place de la future Maison Julien Gracq à Saint-Florent-le-Vieil.
Les lecteurs d’Harfang ont pu apprécier son écriture sobre et poétique dans le numéro 36.    

Bibliographie

 
Trois jardins                                                 Laurence Teper     2006
Journal secret de Natalia Gontcharova      Laurence Teper     2006
Visites aux vivants  Prix Marguerite Audoux    Laurence Teper     2007
Écoute s’il neige                                           Laurence Teper     2009
Les premières choses mais les oiseaux        Laurence Teper     2009
Refuge sacré                                                 publie.net             2012

 

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FRANZ BARTELT

 
Né en 1949, Franz Bartelt vit dans les Ardennes. Jusqu’en 1984, il a travaillé en usine. Depuis, il se consacre entièrement à l’écriture au rythme d’un ou deux volumes par an, sans compter les pièces de théâtre pour France-Culture. Il a reçu la Bourse Goncourt de la Nouvelle 2006 pour son recueil Le Bar des habitudes.

Bibliographie (extraits)

 

 Les fiancés du paradis           Roman                 Gallimard    1995
La chasse au grand singe                                   Gallimard    1996
Le costume                                                          Gallimard    1998
Les bottes rouges                                                 Gallimard    2000
Le Grand Bercail                                                Gallimard    2002
Charges comprises                                             Gallimard    2004
Le jardin du bossu                                              Gallimard    2004
Le bar des habitudes              Nouvelles            Gallimard    2005
Bourse Goncourt de la Nouvelle 2006
Chaos de famille                    Roman                 Gallimard    2006
Pleut-il ?                                Nouvelles             Gallimard    2007
 

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XAVIER BAZOT

 
Né en 1955, Xavier Bazot s’inspire de son propre vécu pour écrire des nouvelles et des romans qui ne peuvent laisser aucun lecteur indifférent. Qu’il se penche sur ses souvenirs d’enfance dans la pâtisserie familiale, qu’il examine la sexualité des adolescents ou qu’il fasse le deuil d’un enfant mort, son écriture s’enracine  dans une souffrance intime. Son œuvre ne peut cependant être qualifiée d’« autofictionnelle », tant l’écriture elle-même -le travail de la langue- y joue un rôle fondamental. On pourrait rapprocher ce souci du style qui habite Xavier Bazot de celui de Ingeborg Bachmann, pour qui la littérature, fuyant la « langue vulgaire » du quotidien, se doit d’être en route vers une langue idéale, une « utopie de la langue » .

John Taylor

 « Ce n’était peut-être pas un vrai cirque. Ils n’avaient pas d’animaux. Le clown blanc craignait qu’il y eût des accidents. Juste un cheval, qui savait danser et saluer des sabots. Son cavalier portait des vestes pailletées, et toujours une cape, rouge ou noire, qu’il jetait quand il arrivait au milieu de la piste, et qu’à tout prix je devais rattraper. J’étais garçon de piste. Pendant que le cheval faisait son numéro, je me glissais dans les coulisses, je revêtais la cape et m’en allais, grand prince, à travers les caravanes, la donner pour qu’on la range… »

Xavier Bazot, « Personnages du cirque »,
Chronique du cirque dans le désert, Le Serpent à plumes, 1995

Bibliographie


Tableau de la passion            (Roman)                       POL                     1990
Chronique du cirque dans le désert (Nouvelles)          Serpent à plumes   1995
Un fraisier pour dimanche              (Roman)              Serpent à plumes   1996
Stabat mater                                    (Roman)              Serpent à plumes   1999

 
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ALBERT BENSOUSSAN

Né en 1935 à Alger où il passe sa jeunesse, Albert Bensoussan débute sa carrière de professeur (agrégé d’espagnol) au lycée Bugeaud. Puis de 1963 à 1995, il mène une carrière universitaire à Paris et Rennes.
Parallèlement, il commence à publier des récits — tout à la fois variations sur le thème de l’exil et chroniques souriantes de l’Algérie de son enfance— qui mêlent la fiction à l’autobiographie.
Mais l’essentiel de son travail est de « passer » les textes des grands écrivains d’Espagne et d’Amérique latine : plus de cent traductions à ce jour pour faire connaître au public français A. Bryce Echenique, G. Cabrera Infante, J. Donoso, J.- C. Onetti, M. Puig, Z. Valdés et surtout M. Vargas Llosa. Il vient de publier un « essai libre sur la traduction » J’avoue que j’ai trahi (L’Harmattan, 2005) où il dresse une sorte de bilan de son expérience en ce domaine.

Bibliographie (extraits)


Les bagnoulis                                                       Mer. de France     1965
La Brehaigne                                                       Denoël                  1974
Le Filipou, contes de la sixième heure               L’Harmattan         1994
L’œil de la Sultane       (nouvelles)                      L’Harmattan         1996
L’échelle algérienne     (nouvelles)                     L’Harmattan         2001
Pour une poignée de dattes (nouvelles)               M. Nadeau           2001

Traductions

Guillermo Cabrera             Trois tristes tigres
Zoé Valdes                          Miracle à Miami
                                               Louves de mer
Mario Vargas Llosa          La tante Julia et le scribouillard
                                               La fête au bouc
                                              Le paradis - un peu plus loin 

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PIERRE BERGOUNIOUX

       Pierre Bergounioux est né en 1949, à Brive. Ses romans (La mort de Brune, Miette, L’Orphelin) comme ses longues nouvelles (La Ligne, Le Grand Sylvain) donnent lieu à des méditations sur son enfance, indissociable de son Limousin natal. Il s’agit d’une littérature « régionaliste » d’un genre nouveau.
Tout en dressant le portrait de ces ancêtres, l’écrivain examine les universaux (d’ordre social, voire ontologique) qui ont réglé le monde rural depuis des siècles (jusqu’à la cassure apportée par la modernité).
Empreints de gravité émotionnelle et animés par un constant souci d’explorer les fondements de l’existence –questionnement qui incite l’auteur à explorer la fatalité, l’hérédité, le rapport de l’homme à ses origines et à la nature-, les récits de Pierre Bergounioux forent profond dans la France profonde.
John TAYLOR

 

"Je suis de Brive. Si j'avais mis longtemps à concevoir qu'on puisse naître ailleurs, vivre autrement, ce fut par la force des choses. Une officieuse main y avait travaillé dès l’âge permo-carbonifère, tandis que nous étions encore dans les limbes, à attendre..."                 

 P. Bergounioux, L’empreinte, Éditions du Laquet & François Janaud, 1997


Bibliographie


Catherine                                            Gallimard,             1984
Ce pas et le suivant                          Gallimard,             1985
La Bête faramineuse                       Gallimard,             1987
L’arbre sur la rivière                       Gallimard,             1988
C’était nous                                     Gallimard,             1988
La mue                                            Gallimard,             1991
L’Orphelin                                      Gallimard,             1992
La maison des origines                   Verdier,                1992
Le Grand Sylvain                            Verdier,                1993
La Toussaint                                   Gallimard,             1994
La casse                                  Fata Morgana,                1994
D’abord, nous sommes au monde   Le Laquet,            1994
Miette                                               Gallimard,             1996
Le bois du chapitre                 Th. Balmoral,                1996
Le Chevron                                     Verdier,                1996
La mort de Brune                           Gallimard,             1996
Haute Tension                                W. Blake & Co,    1996
L’empreinte                                   Laquet/Jaunaud,    1997
La Ligne                                         Verdier,                1997

 
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MAÏSSA BEY

 
Après des études de lettres françaises, Maïssa Bey a longtemps enseigné avant d’être conseillère pédagogique à l’ouest de l’Algérie où elle réside.
Elle écrit depuis toujours et a publié son premier roman en 1996, puis de nombreuses nouvelles dans des recueils collectifs : Dire le monde (Librio), Étoiles d’encre (édition Chèvre Feuille étoilée), Algérie : 2000 ans d’histoire (Seghers), Une enfance d’outremer (Le Seuil), Ma langue est mon territoire (Folie d’encre). Elle a également écrit pour le théâtre : La plume et le couteau (mise en scène et adaptation par la compagnie de l’Œil du Tigre au Théâtre National de REIMS) et Eclats de silence (mise en scène et adaptation par la compagnie “ Théâtr’elles ” de Montpellier).
Dans ses textes souvent poétiques, elle privilégie la parole des femmes algériennes et dénonce toutes les formes de violence.

 
 « Je lisais tout le temps… J’allais dans une petite bibliothèque de quartier. J’y revenais tous les jours. Il fallait m’arracher les livres…
 Je pense que tout lecteur est aussi auteur, parce que dans sa tête , il invente des mondes lui aussi…
Je me disais qu’un jour, je passerais de l’autre côté de la page…
Et parfois vient le moment du passage à l’écriture. Ça se fait presque naturellement, à force de fréquenter les livres.
J’ai commencé à écrire très jeune. »

Maïssa Bey, Entretien avec Cécile Ouhmani, Encres vagabondes N°26, 2002
 

Bibliographie


Au commencement était la mer       Roman                 Marsa                   1996
Nouvelles d’Algérie                         Nouvelles              Grasset                 1998
(Grand Prix de la nouvelle de la S.G.D.L.)
À contre-silence                               Entretiens              Paroles d’Aube     1999
Cette fille-là                                     Roman                 Ed. de l’Aube       2001
(Prix Marguerite Audoux)
Entendez-vous dans les montagnes Récit                    Ed. de l’Aube       2002

 
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FRANçOIS BON

        François Bon nait en 1953 en Vendée, d’un père mécanicien et d’une mère institutrice. Après des études d’ingénieur (entre autres au CNAM d’Angers), il travaille quelques années dans l’industrie.
Passionné de littératures, il écrit un premier livre Sortie d’usine (Minuit, 1982) qui lui assure une certaine notoriété. Depuis 1984, il se consacre entièrement à la littérature, avec une vingtaine de romans, récits, essais, pièces de théâtre… et dernièrement biographies des Rolling Stones, Bob Dylan, Led Zeppelin et bientôt Jimy Hendrix !
Parallèlement il anime de nombreux ateliers d’écriture auprès de publics en difficulté sociale, en milieu carcéral et aussi en milieu scolaire et universitaire. Ces expériences seront le matériau de son ouvrage Tous les mots sont adultes (Fayard, 2005)
Dès 1997, il crée l’un des premiers sites web consacré à la littérature : remue.net, puis tiers livre.net. , persuadé qu’il s’agit là d’un lieu « privilégié de friction du langage et du monde ».
Vit et travaille actuellement à Québec (Québec) et se consacre au développement d’une expérience d’édition numérique de textes contemporains, publie.net.

Bibliographie


 Sortie d’usine                         roman                   Minuit                   1982
Limite                                      roman                   Minuit                   1985
Décor ciment                          roman                   Minuit                   1986
Le Crime de Buzon                roman                   Minuit                   1988
La Folie Rabelais                   essai                     Minuit                   1990
Calvaire des chiens                roman                   Minuit                   1990
L’Enterrement                       récit                     Verdier                 1991
Temps machine                      récit                     Verdier                 1992
Dans la ville invisible           roman         Gallimard Jeunesse         1993
Un fait divers                         roman                   Minuit                   1994
C’était toute une vie               récit                     Verdier                 1995
Parking                                                              Minuit                   1996
30, rue de la Poste              roman                   Seuil Jeunesse       1996
Impatience                                                         Minuit                   1998
Autoroute                                roman               Seuil Jeunesse       1998
Dehors est la ville                  essai sur E. Hopper        Flohic         1998
Tous les mots sont adultes      essai                     Fayard                  2000
Paysage fer                             récit                     Verdier                 2000
Pour Koltès                             essai         Solitaires Intempestifs     2000
Mécanique                             récit                     Verdier                 2001
Quatre avec le mort               théâtre                  Verdier                 2002
Rolling Stones, une biographie                         Fayard                  2002
Quoi faire de son chien mort  théâtre     Solitaires intempestifs     2004
Daewoo                                   roman                 Fayard                   2004
Billancourt, sur des photos d’A. Stéphani          Cercle d’art          2004
Petit Palais, sur des photos d’A. Stéphani          Cercle d’art          2005
Tumulte                                 roman                   Fayard                   2006
Bob Dylan, une biographie                                Albin Michel        2007
Rock’n roll, un portrait de Led Zeppelin           AlbinMichel         2008
L’incendie du Hilton              roman                  Albin Michel       2009

 
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PIERRE BORDAGE 

Né en Vendée en 1955, Pierre Bordage vit aujourd’hui en région nantaise. Après des études de lettres, quelques années de karaté et de basket, divers métiers comme libraire ou journaliste, il entre en littérature en publiant des romans de Science-Fiction. Depuis 1992, les cycles -de Rohel le Conquérant, de Wang, des Griots célestes, de l’Enjomineur et les trilogies des Prophéties ou des Guerriers du Silence se succèdent. Á chaque nouvelle publication, il reçoit la double reconnaissance d’un public toujours plus nombreux et de ses pairs en glanant des prix toujours plus prestigieux :Prix Tour Eiffel de la SF en 1998 pour Wang, Prix Paul Féval en 1999 pour les Fables de l’Humpur, Prix Bob Morane 2002 pour L’évangile du serpent
En 2004, il publie son premier recueil de nouvelles Nouvelle VieTM


Bibliographie


 
Les Guerriers du Silence (T 1, 2 ,3  )       L’Atalante             1994
Wang                                                         L’Atalante             1997
Abzalon                                                     L’Atalante             1998
L’Enjomineur     (T 1, 2, 3)                      L’Atalante            2004
L’évangile du serpent                      Le Diable Vauvert        2002
L’ange de l’Abîme                           Le Diable Vauvert         2003
NouvelleVieTM     (nouvelles)                    L’Atalante             2004
Les Chemins de Damas                  Le Diable Vauvert          2005
Porteurs d’âmes                               Le Diable Vauvert          2007
La Fraternité du Panca, Tome 1              L’Atalante             2007

 
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François Braud et La Loupiote

          Si le Festival de Saint-Nazaire a beaucoup fait dans la région ouest pour la littérature du noir et du polar, il faut tenir compte du rôle important joué par François Braud. Il créé d’abord la revue Caïn (la revue sur laquelle vous devez garder l’œil !) qui, en plus de 25 numéros, a publié les meilleurs auteurs du genre : Bénacquista, Pouy, Thiébaut… Et en 1995, il récidive en fondant les éditions La Loupiote.
Deux collections accordent une grande place à la nouvelle. D’abord « Zèbres » sur un concept original qui associe un auteur connu et un auteur à découvrir. Puis « Tamanoir » publiant des romans ou des recueils de nouvelles qui ont déjà attiré l’attention des spécialistes.
Enfin, François Braud, quand l’édition lui laisse encore quelque temps libre, ne néglige pas de tremper sa plume dans l’encre noire, pour son plus grand plaisir et celui des lecteurs.

Joël Glaziou

 « Longtemps considéré comme de la sous-littérature, le noir est aujourd’hui reconnu… C’est une littérature du désespoir. Les auteurs sont des écorchés vifs. Mais avancez… vous verrez, ils rient…»

François Braud, Harfang N°14


Bibliographie (Extraits du catalogue)


 

Collection « Zèbres »


N° 1 :   Pouy (L’ABC du métier)                               Congiu (Théo, tueur de chats)
N° 2 :   Raynal (Un ornithorynque dans le tiroir)    Bianco (Ouvrage d’homme)
N° 3 :   Jonquet (La Bataille des Buttes-Chaumont) Mizio (Un quart d’heure, pas plus)
N° 4 :   Thiébaut (Rock and vérole)                         Delbrouck (Aventures à petit budget)
N° 5 :   Prudon (Il fait plus beau dehors que la nuit) Leydier (Sacrifice),
N° 6 :   Oppel (Brouillard au pont de Tolbiac)          Ménard (Un problème avec les dates)
N° 7 :   Villard (Rosario)                                         Gatinet (Vachette’s blues)
N° 8 :   Granotier (Cette fille est dangereuse)        Camus (Drôles d’oiseaux)

Collection « Tamanoir »

N° 1 :   Le Jour de l’urubu                             de Jean-Bernard Pouy (nouvelles)
N° 2 :   La Santé par les plantes                    de Francis Mizio (roman)
N° 3 :   Ça y est, j’ai craqué                           de Pascal Dessaint (nouvelles)
N° 4 :   Noires américaines                            de Michel Leydier (nouvelles) *
N° 5 :   Un Tigre chaque matin                      de Jean-Hugues Oppel (nouvelles)
N° 6 :   Le Pape de l’art pauvre                     de Francis Mizio (nouvelles) *
N° 7 :   L’Un seul                                           d’Olivier Thiébaut (illustrées par M. Lenglet)
N° 8 :   Métastade                                          de Thierry Gatinet (roman).

Éditions de La Loupiote

Le Moulin du Vigneau  85 000  Mouilleron le captif   tél & fax: 02 51 47 37 54 

 

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DINO BUZZATI

 

Né en Vénitie en 1906, il devient journaliste au célèbre Corriere della Sierra. Envoyé spécial au Moyen-Orient dès 1933, puis en Ethiopie en 1935, il est correspondant de guerre en 1939-1945. Il poursuivra son activité journalistique toute sa vie, tout en consacrant ses loisirs à la peinture.
Parallèlement, dès 1933, commence sa carrière littéraire avec une trentaine d’ouvrages : romans, pièces de théâtre, essais et bien sûr nouvelles...
Il est sûrement le nouvelliste italien le plus connu en France, notamment en milieu scolaire, grâce au succès de ses nouvelles fantastiques.
 
« Buzzati est un auteur de nouvelles fantastiques qui pratiqua du journalisme.
« Nouvelle », « fantastique », « journalisme » sont les trois mots importants qui permettent de définir sa relation à la réalité, la distance qu’il prend par rapport aux événements. » 

Véronique ANGLARD, 1990

 

Bibliographie (recueils de nouvelles)


Les sept messagers                           1942                     10/18           N° 1519
Panique à la Scala                          1949                     L. de Poche N° 6874
L’écroulement de la Baliverna         1954                     Folio           N° 1027
Nous sommes au regret de...            1960                     Points Seuil N° 557
Le K                                                1966                     Press PocketN° 3641
La boutique du mystère                    1968
Les nuits difficiles                            1971                     L. de Poche          N°4172
Le rêve de l’escalier                         1971                     L. de Poche N°3119
Les mystères d’Italie                        1978                     L. de Poche          N°5901

 
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JEAN CAGNARD

Je suis né à Colombelles, dans le Calvados, en 1955, pas loin de la mer, tout près de la métallurgie. À un moment donné, il a fallu grandir d’une autre manière et c’est là qu’interviennent ces dix années mouvementées (petits boulots, petits toits sur la tête…) consacrées sans le savoir à chercher l’orifice  de l’écriture.
Depuis, je me suis stabilisé entre deux densités, la maçonnerie, les chantiers, et un autre jeu de doigts, plus léger, le cerf-volant du premier, voyez.
Cela me prend à la rencontre des épaules, comme des vagues d’étraves construites par l’effort physique (pelle, truelle, pelle…) , partant de l’articulation des bras, vers la colonne vertébrale, où deux monticules se rejoignent - des muscles ?
Ensuite, lorsque j’écris, je m’envole.

  « La nouvelle, je vais vous dire ce que c’est : c’est le mode et le monde du silence. L’endroit où les choses sont tues parce que l’espace et la distance manquent. La lecture d’une nouvelle n’est pas tant intéressante que le silence qui s’ensuit, terriblement invisible, où l’on peut évaluer la qualité de vertige prétendument tissé. »

Jean Cagnard, 131 nouvellistes contemporains, Manya, 1993
 

Bibliographie


L’hémisphère d’en face (Nouvelles) L’âge d’homme (Prix Prométhée)      1990
Le funambule approximatif  (Roman)     Presses de la Renaissance        1992
L’arête centrale du caillou     (Poésie)      Unimuse (Prix Casterman)        1996
Un cerf-Volant sur l’avant-bras (Théâtre)                   Comp’act                      1999
L’homme, l’homme et l’homme (Théâtre)                   Deleatur                         2001

« Jean Cagnard écrit avec sa vie, sa vibration, il ne fait pas seulement de la littérature. L’invention de personnages, de situations hors de la norme, n’obéissant pas à la logique ordinaire, est mêlée à un humour parfois grinçant, parfois pataphysique. Cette irruption d’un monde singulier et fort est dûe à une écriture très personnelle, avec des bonheurs, des trouvailles de langage, qui ne sacrifient pas cependant à la nécessité de dire ce qu’il y a à dire. Il arrive même que l’on soit plongé dans une langue nouvelle. »

 Michel HOST

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JEAN-PIERRE CANNET

Né à Quimper en 1955, Jean-Pierre Cannet partage aujourd’hui sa vie entre la région parisienne et une petite maison où il aime écrire, près de Vézelay.
Son style, poétique et acéré, s’exprime dans tous les genres : nouvelle, roman, poésie et aujourd’hui théâtre. Pour lui, l’écriture ne connaît ni genre ni frontière. Comme le notait déjà Cl. Pujade-Renaud dans sa préface à La lune chauve :"Il casse les configurations habituelles, celles des institutions comme celles de la narration". Dans ses textes, le réel est chargé de fantastique, comme un ciel d’orage est chargé d’électricité : "les mots se concassent et se fracassent, font exploser des étincelles d’images".
Au fil des ouvrages, il a créé un univers inclassable où se côtoient hommes et animaux dans une "barbarie allègre" et "une fraternité à la fois joyeuse et troublante". Ses personnages, errants ou vagabonds, semblent passer en quête de signes et de repères…

 

 « Prendre les êtres aux mots. Et donner chair aux métaphores. "Un cœur de pierre" dit-on, par exemple. Alors un vrai personnage, lui donc avec son bout de roc…
Se situer d’emblée hors du monde -rationnel, objectif-, n’en percevoir que l’agonie lointaine, le roulis. Mais se ficher dans le cœur d’une vie. Et battre d’un même sang »

Jean-Pierre Cannet, 131 nouvellistes contemporains, Manya, 1993

 Bibliographie



La lune chauve   Nouvelles  Ed. de l’Aube / L’instant même   1991
Bris de guerre      Nouvelles    Dumerchez / L’instant même    1992
Les vents coudés   Roman       Gallimard (Page Blanche)         1993
Gueules d’orage  Nouvelles    Ed. Marval / L’instant même     1994
Lettre par la fenêtre Poésie     Dumerchez                              1995
Résurgences          Théâtre        Alfil                                         1996
On aurait pu me croire vivant       Alfil                               1996
Simploque le Gitan      Roman        Julliard                           1998
Des manteaux avec personne dedans     Ed. Théâtrales          1999
Brise-Glaces        Théâtre        Le bruit des autres                   2001

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GEORGES OLIVIER CHÂTEAUREYNAUD
 
Né en 1947 à Paris, G.-O. ChÂteaureynaud fait des études classiques (Anglais en Sorbonne, ENSB…), puis exerce quantité de métiers plus ou moins pittoresques (brocanteur ou bibliothécaire) avant de ne se consacrer qu’à l’écriture. Il a présidé durant deux années la Société des Gens de Lettres de France. Il est également membre, entre autres, du jury du prix Renaudot et du Prix de la Renaissance de la Nouvelle.
Nouvelliste et romancier, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Il a reçu le Prix Renaudot en 1982 pour La Faculté des songes et la Bourse Goncourt de la nouvelle en 2005 pour Singe savant tabassé par deux clowns.
Son dernier roman L’autre rive est en quelque sorte la somme actuelle de son œuvre puisque les thèmes, les lieux, les personnages trouvent leur origine dans les nombreuses nouvelles qui l’ont précédé.

 

Bibliographie (recueils de nouvelles)


Nouvelles 1972-1988                        Julliard                                     1993
Le Héros blessé au bras                    Grasset / Babel                        1987
Le kiosque et le tilleul                      Julliard / Babel                        1993
Les Ormeaux                                    Ed. du Rocher                         1996
Le Jardin dans l’île               Presses de la Renaissance/Zulma Poche 1998
Le Goût de l’ombre                           Actes Sud                               1999
Civils de plomb                                 Ed. du Rocher                         2002
Les Amants sous verre                      Le Verger Editeur                    2002
Singe savant tabassé par deux clowns
Bourse Goncourt de la nouvelle 2005, Grasset/Livre de Poche         2005
Le Verger et autres nouvelles          Hachette Biblio Collège           2005
Mécomptes cruels                              Ed. Rhubarbe                          2006
Les Intermittences d’Icare               Ed. du Chemin de fer               2006

Romans
La Faculté des songes          (Prix Renaudot)           Grasset            1982
Le congrès de fantomologie             Grasset                                    1985
Le Démon à la crécelle,                    Grasset/Livre de Poche            1999
Au fond du paradis,                          Grasset/Livre de poche            2003
L’Autre rive                                      Grasset                                    2007

 
« Au roman tout fait ventre, à la nouvelle tout fait bosse.[…]Un roman, c’est un bâtiment imposant, parfois même un gratte-ciel. Il y faut des fondations, des dégagements, des accès, des ascenseurs, un parking, des colonnes sèches, et d’énormes quantités de matériaux, et du temps, en principe beaucoup de temps, un an, deux ans, cinq ans... La nouvelle, c’est une cabane de branchages, on ne s’aperçoit pas qu’on la bâtit, ça prend quelques jours ou quelques semaines. Un roman, au contraire, vous le sentez passer : il vous vole un grand pan de votre vie. »
Georges Olivier ChÂteaureynaud, in Harfang n°31, 2007 

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NOËLLE CHÂTELET
 
      Parallèlement à une brillante carrière universitaire, Noëlle CHÂTELET a été comédienne avant de devenir écrivain.
Deux recueils de nouvelles : Histoires de Bouches (Bourse Goncourt de la Nouvelle 1987) et A contre sens, ont inauguré sa carrière littéraire. Depuis, à travers essais et romans, elle continue sa réflexion sur les rapports des hommes et des femmes à leur corps, qu’il s’agisse de l’alimentation, de la chirurgie esthétique, de la sexualité, de la vieillesse, de la mort…
Ainsi dans un style sobre et avec beaucoup de sensibilité, La dernière leçon (Prix Renaudot des Lycéens en 2004) fait le récit de la mort « choisie » par sa propre mère.
Plusieurs de ses romans ont été adaptés au théâtre et à la télévision, dont La Femme coquelicot, prévue pour 2006.

 

Bibliographie


 
Le corps à corps culinaire      essai                              Le Seuil       1977
Histoires de bouches               nouvelles                       Merc. de Fr.         1986
Bourse Goncourt de la Nouvelle 1987
À contre sens                          nouvelles                       Merc. de Fr. 1989
La courte échelle                    roman                            Gallimard    1991
Trompe-l’œil                                   essai                     Le Seuil       1993
La Dame en bleu                   roman                            Stock          1996
La Femme coquelicot            roman                            Stock          1997
La Petite aux tournesols        roman                            Stock          1999
La Tête en bas                        roman                            Le Seuil       2002
La dernière leçon                    récit                              Le Seuil       2004

 
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CHARLES-ALBERT CINGRIA
(1883-1954)

Ignoré des professeurs, Charles-Albert Cingria demeure pour un nombre toujours croissant d’écrivains l’une des voix les plus originales et tonifiantes de la littérature française du vingtième siècle. Auteur d’une œuvre abondante et étonnamment diversifiée, cet écrivain suisse s’intéressait à tout. Autodidacte passionné, il a consacré des essais érudits à des sujets aussi divers que le rythme des neumes, les troubadours, la musique médiévale, Pétrarque et Nothker le Bègue. Mais c’est surtout en tant que styliste exubérant et néanmoins extrêmement précis que Cingria a forgé une œuvre imposante et inclassable. Il passait sans cesse entre la jubilation spirituelle et l’attendrissement sur les plus petites choses de la vie quotidienne, comme par exemple ce chat à la truffe « tatouée de macadam ». Ses textes brefs -genre dans lequel il excellait- constituent un véritable « labyrinthe harmonique » et contiennent des pages parmi les plus drôles et revigorantes de la prose française.

John Taylor

 « Vous cheminez depuis longtemps dans ces grasses terres argileuses craquelées –le poudreux velours d’infimes papillons imite cette teinte- et vous vous étonnez de ne pas découvrir la Loire. Elle est pourtant tout près, mais le chemin et tout ce pays est en contrebas, et ce n’est que quand le chemin tourne, monte (…) que le frais d’une prodigieuse eau fauve vous arrive au visage, et il parle, et c’est ravissant. Donc, vous comprenez qu’ici le visuel est secondaire. C’est moins un spectacle qu’une audition (…) C’est réellement un gazouillis énorme que font les remous collectivés de cette incommensurable eau base. Ainsi est la Loire… »

 C.-A. Cingria Vair et foudres, Bois sec, bois vert, Gallimard, 1984

Bibliographie


Bois sec, bois vert                                         Gallimard (L’Imaginaire)       1948
La fourmi rouge et autres textes                 L’Age d’Homme                     1978
Florides helvètes et autres textes                 L’Age d’Homme                     1983
Portraits                                                        L’Age d’Homme                     1994
Lettre au vérificateur des eaux                   Éditions de la Différence          1995
Petites feuilles                                               L’Age d’Homme                     1997
Les Autobiographies de Brunon Pomposo   L’Age d’Homme                    1997

 
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PHILIPPE CLAUDEL

         Né en 1962 dans l’Est de la France, Philippe Claudel a longtemps enseigné dans les prisons. Devenu scénariste, il s’est ensuite imposé comme romancier avec quelques ouvrages reconnus par la critique, le public et des prix prestigieux : en 2000, le Prix France Télévision pour J’abandonne, en 2003 la Bourse Goncourt de la Nouvelle pour son recueil Les petites mécaniques et le Prix Renaudot pour Les âmes grises.
Si chaque ouvrage est pour lui l’occasion d’observer au microscope les petites mécaniques de la vie et de la mort, d’analyser avec réalisme les comportements humains, de disséquer les âmes grises qui ne sont jamais ni toutes blanches ni toutes noires… la forme et le style de chaque nouvel ouvrage différent cependant des précédents.
Cette capacité à lier l’unité et la diversité, le sublime et le grotesque, le grave et le léger, le réalisme et le fantastique fait de Philippe Claudel un véritable auteur qui ne risque pas de se répéter et de fatiguer le lecteur…

 
 « La mort est la chose qui me révolte le plus au monde. Je n’arrive pas du tout à m’y faire, à accepter la mort de ceux que j’aime. Alors dans mes livres, je n’arrête pas de percer la petite poupée de la mort avec mes aiguilles. Même si je sais que ça ne sert à rien. Il y en a qui, pour se rassurer, pour oublier, jouent au foot, d’autres qui picolent, d’autres qui écrivent des romans et, au fond, c’est exactement la même chose. Moi, j’écris pour tromper la mort. »

Propos de Philippe Claudel, recueillis par J. Roze, Page, Juin 2003

Bibliographie


 
Meuse, l’oubli                       Roman                 Balland        1999
Quelques-uns des cent regrets    Roman           Balland        2000
J’abandonne                          Roman                 Balland        2000
Le bruit des trousseaux         Récit                     Stock          2002
Les petites mécaniques       Nouvelles    Mercure de Fr.      2003
Les âmes grises                     Roman                 Stock          2003 

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MARCEL COHEN

Marcel Cohen a écrit des romans et un remarquable livre d’entretiens avec le poète Edmond Jabès, mais son originalité s’est particulièrement imposée dès le premier volume d’une suite de cinq recueils de proses courtes. Miroirs, Je ne sais pas le nom, Le Grand Paon-de-Nuit, Assassinat d’une garde et Faits sont composés d’une grande variété de formes narratives. On y trouve la nouvelle, le poème en prose, la fable, le fait divers, l’aphorisme, le dialogue et surtout diverses "esquisses" invitant à la réflexion. Mais il ne s’agit nullement d’exercices de style ou de jeux d’esprit dans ces textes troublants où cristallise tant de subtilité psychologique, sans qu’en soient exclus parfois quelques traits d’humour noir. Derrière son style si concis et aiguisé se dressent les spectres de la Shoah, la misère des populations abandonnées, l’inhumanité de notre technologie incontrôlable et les difficultés d’aimer.

John Taylor

 « Soir après soir, lorsqu’il éteint sa lampe de chevet avant de s’endormir, un homme retrouve cette pensée telle une petite flamme qu’il ne parviendrait pas à étouffer en dépit de toutes les difficultés du jour : si une maturation lente, échappant à toute conscience, a bien lieu pendant le sommeil alors, et si minime soit-elle, ce n’est pas tout à fait le même homme qui s’éveillera le lendemain, ni tout à fait dans le même monde. »

Marcel Cohen, Faits, Gallimard, 2002

Bibliographie


Galpa         (rééd. M. Chandeigne, 1993)    Le Seuil                          1969
Malestroit, chroniques du silence               E.F.R.                            1973
Voyage à Waïtzata                                       E.F.R.                            1976
Murs                                                             E.F.R.                            1979
Du désert au livre, entretiens avec Edmond Jabès      Belfond       1981
Miroirs                                                         Gallimard                       1981
Je ne sais pas le nom                                   Gallimard                       1986
Le Grand Paon-de-Nuit                              Gallimard                       1990
Assassinat d’un garde                                 Gallimard                       1998
Faits                                                            Gallimard                       2002

 
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MARIE COSNAY
 
Marie Cosnay est née à Bayonne en 1965. Professeur de lettres classiques, elle vit et travaille au pays basque.
Parallèlement à son travail de traductrice de textes antiques, elle construit depuis une dizaine d’années, de livre en livre, une œuvre forte et originale où l’histoire personnelle et familiale se mêle à l’Histoire du XXe siècle et aux mythes de l’antiquité.

 

Bibliographie

 
Que s’est-il passé ?                          Cheyne                          2003
Adèle, la scène perdue                     Cheyne                          2005
Villa Chagrin                                  Verdier                          2006
Déplacements                                  Laurence Teper              2007
Le chemin des amoureux                Le Bruit des autres          2007
André des ombres                            Laurence Teper              2008
Les temps filiaux                             L’atelier In-8                  2008
Trois meurtres                                  Cheyne                          2008
Noces de Mantoue                           Laurence Teper              2009
Entre chagrin et néant                    Laurence Teper              2009

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DIDIER DAENINCKX

De Saint-Denis où il est né en 1949 à Aubervilliers où il habite aujourd’hui : un même lieu, la banlieue « où la violence s’exerce sur les corps et les décors ».
De son grand-père paternel déserteur en 1917, condamné à 5 ans de travaux forcés en 1919 à son grand-père maternel, maire communiste de Stains : une même lutte contre un état de fait auquel certains voudraient réduire la vie.
Des 10 ans passés dans l’imprimerie aux années de journalisme : un même goût de l’écrit et du fait vrai.
D’abord reconnu comme auteur de « polars », de Meurtres pour mémoire (1983) à Lumière noire (1987) dans la collection de la Série Noire de Gallimard, il passe du roman policier « dont l’objet se situe avant la première page » au roman noir « roman de la ville et des corps en souffrance ».
Ensuite et en moins de quinze ans, plus de 20 romans et recueils de nouvelles traquent les zones d’ombre de l’actualité (dans Zapping à propos de la télévision) et de l’Histoire du XX siècle (dans Cannibale et Le Retour d’Ataï à propos de l’Exposition Coloniale de 1931 et de la situation en Nouvelle-Calédonie).
Didier Daeninckx est un de ces écrivains lutteurs qui dénoncent le conformisme ambiant et un de ces écrivains guetteurs qui réveillent les consciences endormies.

 « Didier Daeninckx n’écrit pas. Il combat. On connaît ses cibles : la barbarie, l’indifférence, la lâcheté, l’oubli. On connaît aussi ses armes : une énigme, un suspense, un flic peut-être… »
Patrice Claude, Le Monde, 1 Septembre 2002

Bibliographie (extraits)


Play-back      Nouvelles    L’instant / Folio N° 2635            1986
Non-lieux            Nouvelles    L’instant                               1989
Le facteur fatal    Nouvelles    Denoël / Folio N° 2326        1990
Zapping              Nouvelles    Denoël / Folio N° 2258         1992
Hors Limites        Nouvelles    Julliard / Press Pocket N° 3313 1992
Main courante     Nouvelles    Verdier                                 1994
En marge            Nouvelles    Verdier                                  1994
Cannibale           Récit           Verdier                                     1998
Le retour d’Ataï   Récit           Verdier                                2002
 
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MERCEDES DEAMBROSIS
Née à Madrid, Mercedes Deambrosis a vécu au Portugal et en France avant de s’installer à Paris.
Avec cinq romans et un recueil de nouvelles, La promenade des délices, M. Deambrosis a su imposer son style et créer un monde où les personnages se livrent au jeu cruel de « l’être » et de « l’avoir », où derrière l’apparence tranquille de la vie quotidienne se trament les petits drames individuels et les grands drames de l’Histoire (comme le montrait la nouvelle publiée dans Harfang N° 25).
 

Bibliographie



Milagrosa      Dire éditions   1999   Buchet-Chastel              2004
Un après midi chez Rock Hudson   Buchet-Chastel              2001
Suite et fin au Grand Condé           Buchet-Chastel               2002
La promenade des délices (nouvelles) Buchet-Chastel          2004
La plieuse de parachutes                Buchet-Chastel               2006
Candeleria ne viendra pas              Le Chemin de fer           2008
Rien de bien grave                          Le Chemin de fer           2009
Juste pour le plaisir                        Buchet-Chastel               2009
De naissance                                  Éditions du Moteur         2010

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FLORENCE DELAY

Les romans de Florence Delay (née en 1941) mêlent des aperçus intimes à des digressions fictives, des imitations savantes à des recherches érudites et jubilantes qui tonifient autant qu’elles instruisent le lecteur. « J’appelle Ancien ce qui me donne le souffle et Moderne ce qui me le coupe », aime-t-elle répéter ; et son œuvre romanesque se déploie entre ces deux pôles littéraires tout en les réconciliant, dans la bonne humeur. Florence Delay peut partir sur les traces d’un poète oublié (tel Étienne Jodelle dans L’insuccès de la fête), relire avec enthousiasme un écrivain incompris (comme G. de Nerval, dans Dit Nerval), et relier ses découvertes par d’inattendus rapprochements à sa propre vie. Cette admiratrice de Gertrude Stein et de Ramón Gómez de la Serna n’est nullement indifférente aux acquis formels du modernisme ; le hasard et l’imprévu peuvent fortement déterminer le déroulement de ses récits. C’est pourquoi ses livres sont autant stimulants que réjouissants, aussi légers et ludiques que secrètement graves. Chacun d’eux offre une « course » -mot qu’elle affectionne- pour retrouver la vérité disparue et le bonheur fugitif.

John Taylor

 « (…°) Le lycée, son ordre clair et laïque, dissipa le brouillard. Je lus passionnément Dostoïevski, Flaubert. De Nerval, j’appris même par cœur le sonnet des Chimères qu’on étudiait en classe et lus la Fille du Feu qui plaisait tant à mon père. Elle provoqua un mauvais rêve que je notai au réveil pour me rendre intéressante (un bowling de lunes, place de la Concorde). Mais je n’allai pas plus avant. Toujours à cause de ce qui s’était passé, un mois de janvier, rue de la Vieille-Lanterne. À cause de la cage accrochée au mur où croassait le corbeau auquel Gérard rendait régulièrement visite les derniers temps. À cause de la nuit, du froid. J’aurai mis autant d’années qu’il vécut à dénouer le nœud de cette corde. »  

            Florence Delay, Dit Nerval, Gallimard, 1999

 Bibliographie


Minuit sur les jeux                             Gallimard,   1973,           Roman
Le aïe aïe de la corne de brume        Gallimard,   1975            Roman
L’insuccès de la fête                          Gallimard,   1980            Roman
Riche et légère                                   Gallimard,   1983            Roman
Course d’amour pendant le deuil     Gallimard,   1986            Roman
Petites formes en prose après Edison Gallimard,   1995            Essai
Etxemendi                                         Gallimard,   1990            Roman
Catalina                                            Gallimard,   1994            Essai
Œillet rouge sur le sable                   Fourbis,      1998            Essai
La fin des temps ordinaires               Gallimard,   1996            Roman
La séduction brève                            Gallimard,   1997            Essai
Dit Nerval                                          Gallimard,   1999            Roman

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PHILIPPE DELERM


Né à Auvers-sur-Oise en 1950, Philippe Delerm partage aujourd’hui sa vie entre l’écriture et l’enseignement, quelque part en Normandie.
Avec La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (Prix Grandgousier 1997 à Saumur et 300.000 exemplaires vendus en quelques mois !), l’auteur a rencontré un public qui s’est immédiatement reconnu dans la succession de ces plaisirs éphémères, dans cette collection d’instants de bonheur et de gestes qui ont la saveur des rites perdus comme « aider à écosser les petits pois », « mouiller ses espadrilles », « aller à la plage »,« prendre un porto », « aller aux mûres ».
Mais il ne faut pas oublier que ce succès avait été précédé d’une quinzaine d’ouvrages (romans, essais, nouvelles ou romans pour enfants) qui étaient déjà une quête des instants de bonheur dans la lumière des tableaux de Sundborn ou dans les bulles légères et irisées qui s’envolent des aquarelles de Folon...
 
« J’ai toujours aimé écrire des textes courts. Et j’ai réussi quelques romans... qui sont en fait des successions de textes courts. Il y a une jubilation particulière à écrire des textes de ce genre-là. Au départ, la forme m’est venue par un livre pour enfants, C’est bien. J’avais écrit des petits moments de la vie... ça commençait toujours par : « c’est bien... de faire de la purée... de passer la frontière »... C’est une manière de voir la vie de façon positive. »

Philippe DELERM, interrogé par la revue Brèves, 1998
           

Bibliographie


La cinquième saison                       Roman        Editions du Rocher        1983
Le bonheur. Tableaux et bavardages. Essai       Editions du Rocher        1985
L’envol                                            Nouvelle      Editions du Rocher        1995
Sundborn ou les jours de lumière   Roman        Editions du Rocher        1996
La première gorgée de bière et autres...Nouvelles         Gallimard L’arpenteur 1997
Les chemins nous inventent            Textes         Stock                             1997
Il avait plu tout le dimanche          Roman        Mercure de France        1998

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MICHELE DESBORDES

 
Née en Sologne, Michèle Desbordes a grandi à Orléans. À l’issue d’études littéraires, elle devient conservateur de bibliothèque, d’abord dans les universités parisiennes, puis en Guadeloupe en lecture publique. En 1994, elle revient à Orléans comme directrice de la Bibliothèque Universitaire.
En quelques romans ou récits, L’habituée en 1996, puis La demande, plusieurs fois primé et Le commandement en 2001, elle a su créer un monde et imposer un style personnel.
Toujours situées avec précision dans un espace géographique et un temps historique, les histoires de Michèle Desbordes sont universelles ; elles s’ancrent dans l’intimité des corps et des consciences ; elles avancent lentement dans le silence. Comme des exilés en ce monde, les personnages - Léonard de Vinci face à la servante dans La demande ou la mère, le fils et l’enfant dans Le commandement- vivent dans l’attente jusqu’à la mort.
Dans ses romans au souffle poétique, l’auteur place aussi son lecteur dans une attente, lui permettant un instant d’entrevoir la possibilité de dévoiler le secret et de transgresser l’interdit, pour enfin lui laisser imaginer la part de non-dit, de silence qui habite tout être humain.
 
« Comment raconter le silence ? Si les récits de Michèle Desbordes réduisent au maximum la part du dialogue, c’est pour envelopper de silence les paroles prononcées par les personnages. […]
Qu’est-ce qu’habiter le monde ? Habiter chez elle, c’est s’habituer. Et d’abord s’habituer en silence, au silence. »

Jean-Yves Masson, Le Préau des collines, N°6, 2001

Bibliographie


L’habituée                                      Verdier                 1996
La demande                                    Verdier                 1998
Le commandement                          Gallimard              2001
Le lit de la mer                               Gallimard              2002

          
 

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PATRICK DREVET

 Les romans de Patrick Drevet (né en 1948) tentent souvent de reconstituer le passé, notamment celui de l’enfance et de l’adolescence. Que sa prose soit d’inspiration autobiographique ou penchée vers son siècle de prédilection, le XVIIIème (comme dans ses romans historiques, le Rire de Mandrin et Le Corps du Monde), ses descriptions relèvent toujours d’une précision et d’une richesse stylistique rarement égalées par les auteurs de sa génération. Comment l’être humain, et notamment l’enfant, perçoit la nature constitue d’ailleurs l’une de ses interrogations majeures. Les magnifiques passages sur les papillons dans Le Miroir aux papillons et les évocations du Jura et des Monts du Forez dans La Micheline témoignent de son souci d’approfondir notre attachement au monde sensible. Les personnages et les narrateurs de ses récits sont toujours émouvants. Comme par un chemin à rebours, Patrick Drevet nous amène aussi loin que possible derrière leur regard, vers leurs éblouissements premiers.   

John Taylor


 « Il fait nuit encore quand maman me réveille. J’ai l’impression de ne m’être endormi qu’à l’instant. La veille, dans l’attente de ce moment, l’impatience et l’anxiété m’ont longtemps tenu écarté du sommeil bien sûr, mais, émergeant alors de l’inconscience, je me demande où je suis, je ne sais pas quel jour nous sommes, seule une ivresse dans l’air m’assure du bonheur. Je sens la caresse de maman sur ma joue, je perçois dans son murmure le sourire qui suggère qu’elle anticipe le spectacle de ma joie, je l’entends qui me souffle qu’il est l’heure, que nous partons ce matin pour Saint-Bonnet, que nous devons bientôt nous rendre à la gare et prendre la micheline. »

Patrick Drevet  La Micheline, 1990

 Bibliographie


Pour Geneviève.                                       roman                   Gallimard    1978
Ses Gardiens des pierres                           roman                   Gallimard    1980
Le Lieu des passants                                 roman                   Gallimard    1982
Le Gour des Abeilles                                 récit                     Gallimard    1985
Le Visiteur de hasard                               roman                   Gallimard,   1987
Une chambre dans les bois                       roman                   Gallimard    1989
La Micheline                Folio N°3114        récit                     Hatier          1990
Huit Petites Études sur le désir de voir     essais                   Gallimard,   1991
L’Amour nomade                                     roman                   Gallimard    1991
Le Rire de Mandrin                                  roman                   Belfond       1993
Dieux obscurs                                           roman                   Belfond       1994
Le Miroir aux Papillons                            récit                     Belfond       1995
Petites études sur le désir de voir              essais                   Gallimard    1996
Le corps du monde                                    roman                   Le Seuil       1997
Le Vœu d’écriture                                      essais                   Gallimard    1998

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Jean-Christophe DUCHON-DORIS

           Né en 1960, Jean-Christophe Duchon Doris vit à Marseille.
Dès la parution son premier recueil en 1991, Les Ours polaires, il a montré des qualités évidentes pour la nouvelle. Il se définit d’ailleurs lui-même non pas comme auteur de nouvelles, mais comme « auteur de recueils de nouvelles ».
Maîtrisant la composition du recueil toujours organisé autour d’une unité de forme, de thème et de style, il portera très haut cette technique avec Les Lettres du baron, recueil qui lui vaudra la Bourse Goncourt de la Nouvelle en 1994.
Cultivant également avec beaucoup de bonheur l’art de la chute et même de la double chute, il revalorise cette tradition des écrivains qui considèrent qu’une nouvelle « doit être entièrement écrite en fonction de la chute ».
Privilégiant les sujets historiques (le Moyen-Âge dans Les Ours polaires, le XIXè dans Les Lettres du Baron), il est ce « jeune homme au talent éclatant qui cintre l’Histoire au feu de son imagination » selon l’expression de Jean Vautrin, mais il sait aussi aborder les sujets scientifiques avec beaucoup d’érudition et d’humour dans son roman L’Autre Singe.
Enfin refusant les étiquettes des genres et des modes, il fait partie de ces jeunes écrivains nourris de bandes dessinées et de cinéma qui peut pratiquer le mélange des genres et des styles, comme dans son dernier roman Les nuits blanches du Chat Botté, qui tient à la fois du roman de cape et d’épée, de l’enquête policière et du jeu littéraire…

         Joël Glaziou

« L’Histoire alors n’était bâtie que de débris de phrases, de souvenirs confus, de dérapages de la mémoire. Les récits s’étoffaient de mots volés dans les phrases des autres. Les gros livres reliés de cuir où il eût fallu puiser les dates des batailles, les manuscrits jaunis desquels il eût fallu tirer la concordance des personnages, les bibles couvertes de toiles d’araignées […] Aussi ne vous étonnez pas si les dates se mélangent, si les événements s’entrecroisent… »
J-C. Duchon Doris, Les Ours polaires, 1991, Seghers.

 

Bibliographie


 Les ours polaires                             Seghers,       1991           Nouvelles
 Les Lettres du baron                        Julliard,       1994            Nouvelles
  (Bourse Goncourt de la Nouvelle)
 L’Autre Singe                           Flammarion,        1997            Roman
 Les Nuits blanches du Chat Botté    Julliard,       2000            Roman

 
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Claude Rouquet et les Editions L’Escampette

 

Installé à Bordeaux, Claude Rouquet a créé les éditions L’Escampette en 1993. Depuis cette date, plus d’une centaine de titres sont venus enrichir son catalogue, à raison de 12 à 15 livraisons par an. Autodidacte, il est passé du statut de lecteur amateur à celui de professionnel du livre en conservant sa passion : celle d’éditer sa « bibliothèque idéale » et de l’offrir au public. Revendiquant une totale liberté dans ses choix, il privilégie toutes les formes de lyrisme ainsi que l’écriture poétique. Il publie surtout des proses courtes de Jacques Abeille, de François-René Daillie, d’Alain Glyckos, de Bernard Manciet, ainsi que des poèmes d’écrivains portugais comme Al Berto, Gastao Cruz ou Vasco Graça Moura. Au-delà de la présentation de son travail, de ses recherches, il profitera de cette séance pour faire découvrir, entre autres, Anne-José Lemonnier, auteur qui a quelques attaches angevines.

Joël Glaziou

« Ni la liberté ni l’intelligence ne sont données une fois pour toutes. »
Guy Debord, 25/08/1960


 Extraits du Catalogue

ABEILLE Jacques         Divinité du rêve                      récit                     1997
AL BERTO                    La peur et les signes     poésie                             1993
ALENE P.                      La femme à l’enfant de feuilles      nouvelles     1995
DAILLIE Fr-René         Vita nova                      journal                           1995
                                        Temps large                  poésie                             1996
GLYKOS Allain             Les boîtes. La décision           récits                   1994
                                         Mémoires de l’eau                 nouvelles              1999
LEMONNIER A-J.        Journal de lumière                                             1998
MANCIET Bernard      Les vigilantes                nouvelles                       1999
ZRIKA Abdallah            Petites proses                                                     1998

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GERARD FARASSE
 
Gérard Farasse est Professeur de littérature française à l’Université du Littoral (Dunkerque) où il anime le Centre de recherche Modalités du fictionnel. Il co-dirige également la Revue des Sciences Humaines (Université de Lille-III), pour laquelle il a composé des numéros sur Philippe Jaccottet, Jean Follain et Francis Ponge. Spécialiste de ce dernier, il a participé à l’édition de ses Œuvres Complètes pour la Bibliothèque de la Pléiade, et a collaboré à de nombreuses revues dont Europe, L’Infini, Le Nouveau Recueil, La Nouvelle Revue Française.
Auteur de plusieurs essais littéraires, Gérard Farasse écrit aussi des textes de création dont le premier volume, Belles de Cadix et d’ailleurs, a paru en 2004. Il aborde la réalité par le menu ou le détour, il dit écrire des « proses quelconques » qui en restituent pourtant l’essence singulière.

Bibliographie

 

Belles de Cadix et d'ailleurs          Le temps qu'il fait             2004
Exercices de rêverie                       L'improviste                      2004
Pour vos beaux yeux                       Le Temps qu’il fait         2007
Collection particulière                    Le Temps qu’il fait         2010
Dubuffet, Paysage du Pas-de-Calais II      Invenit                 2010

 
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Michel FARDOULIS-LAGRANGE
 

Les récits de Michel Fardoulis-Lagrange (1910-1994) sont des « aventures ontologiques » où nos conceptions traditionnelles de ce que sont le « sujet » et la « subjectivité » sont ébranlées. Salué en son temps par Artaud, Éluard, Henein, Leiris et Bataille (auquel il a consacré un livre incisif, G. B. ou un ami présomptueux), il a exploré jusqu’à une limite rarement égalée le rapport de l’homme à l’être. Maître d’un style singulier mêlant des images concrètes à des abstractions vertigineuses, Fardoulis-Lagrange vise des horizons au-delà de l’empirique et de l’éphémère. Chez lui, tout s’élève, s’accroît, se magnifie. Les perceptions initialement microscopiques s’ouvrent aux grandes perspectives, et les gestes quotidiens se transforment en « hauts faits » quasi mythologiques, dépassant ainsi l’intime. Plusieurs de ses écrits semblent être cependant d’inspiration autobiographique. Memorabilla, Au temps de Benoni ou Les caryatides et l’albinos ne sont pas à proprement parler des « romans » ou des « nouvelles », mais plutôt des « chroniques personnelles », même si on ne trouve dans celles-ci aucun écho direct à quelque événement biographique connu de la vie de l’auteur. Cette dichotomie -entre « l’effet autobiographique » de ses récits et la remise en question de la subjectivité- serait-elle en vérité une contradiction hantant la vision de Fardoulis-Lagrange ? Ou, bien au contraire, a-t-il su résoudre ce paradoxe et ce d’une manière tout à fait originale ?              

                                                  John Taylor

 

Bibliographie


Sébastien, l’enfant et l’orange         (1942)       Castor Astral                  1986
Volonté d’impuissance                                        Fontaine                        1944
Le Grand Objet extérieur                 (1948)       Castor Astral                  1988
Le Texte inconnu                                               Minuit                            1948
Les Hauts Faits                                                    Debresse                       1956
Au temps de Benoni                        (1958)         Calligrammes                1992
Les caryatides et l’albinos                                  Le Terrain Vague           1959
Memorabilia                                                      Belfond                           1968
G.B. ou un ami présomptueux        (1969)         Corti                              1996
L’observance du même          (1977)                   Corti                              1998
Théodicée                                                           Calligrammes                  1984
Apologie de Médée                                             Calligrammes                  1989
Prairial                                                              Dumerchez                       1994
Théorbes et bélières                                            Dumerchez                    1994
L’inachèvement                                                 Corti                               1992
Les Enfants d’Édom et autres nouvelles            Corti                             1996

 
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ALAIN FERRY 

Alain Ferry est né en 1939 à Bône (Algérie). Professeur de lettres, il a enseigné au Prytanée de la Flèche.
S’il a peu publié depuis son premier récit El-Kous en 1978, c’est qu’il appartient à cette race d’écrivains pour lesquels chaque livre est un « livre-somme » qui lui demande des années de lectures préalables.
C’est le cas de La Mer des mamelles où l’érudition et le style rabelaisiens entraînent le lecteur dans un univers de références littéraires, picturales et cinématographiques… Ce roman épistolaire de 600 pages, original tant par sa forme que par son style plonge littéralement le lecteur dans une mer de voluptés littéraires.
C’est le cas aussi avec son nouveau - et très flaubertien- roman Mémoire d’un fou d’Emma qui à l’inverse de l’attitude bovarienne montre comment la lecture peut sauver la vie d’un homme.
Amour des femmes, amour des seins, amour des mots, amour des livres… ainsi résumée, l’œuvre d’Alain Ferry offre au lecteur une grande jubilation, appelée ici « libricité », rare et communicative.

 
« Il y a des livres – quelques uns par siècle – qui sont non seulement des chefs-d’œuvre mais aussi des univers, des doubles du monde où l’on peut trouver refuge. C’est ce que nous dit A. Ferry du roman Madame Bovary sur lequel est construit son magnifique récit au second degré Mémoire d’un fou d’Emma
Poignant, malicieux, érudit, généreux, le récit d'Alain Ferry n'est un texte artificiel : c'est un vrai roman, palpitant comme un récit d'aventure et saisissant comme un conte philosophique. »

Pierre-Marc de Biasi  (Magazine Littéraire,  juin 2009)

Bibliographie

El-Kous, éthopée d’un pied-noir                 Seuil            1978
Le Devoir de rédaction                                Actes Sud   1983
La Mer des mamelles                                 Seuil            1995
Mémoire d’un fou d’Emma                       Seuil            2009

 

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JACQUES FULGENCE

 

Né en 1940 à Lourdes. Installé depuis une vingtaine d’années à Dijon, il enseigne les mathématiques en classes préparatoires.
Il appartient à cette espèce rare d’individus qui arrivent à concilier littérature et mathématiques (dont le maître est Lewis Carroll) et à celle des écrivains humoristes, race qui -sans être en voie de disparition- est peu représentée en France (sinon par Marcel Aymé, Jacques Perret...). Ses nouvelles témoignent d’une grande diversité d’inspiration. Les détails les plus réalistes débouchent parfois sur un monde qui aurait pu naître sous la plume d’un Kafka ou d’un Borges.
Depuis 1982, il a publié 5 recueils de nouvelles dont certains titres sont déjà chargés d’ironie, de sous-entendus : Bonsaï, La Loire prend sa source au Mont-Gerbier-de-Jonc, la Saint-Ravaillac...
 

« La nouvelle est au roman ce que sont, aux grands champs ouverts sur la campagne, les petits jardins clos de nos villes.
La culture du verbe y est forcément intensive. Sans tomber dans le simple exercice de style, elle représente à mon sens le lieu privilégié de l’écriture, et l’aspect formel du dire y est aussi important que la chose dite. » (1982)
 
« Pour moi, l’unité littéraire est le texte, en aucun cas le recueil, qui n’est qu’un agrégat.
Le plus simple est d’avouer ce que le lecteur que je suis n’aime pas :
-les constructions savantes, alambiquées, obscures,
-la sacro-sainte fin ouverte,
-les effets de langue gratuits, les tics à la mode.... » (1993               

Jacques Fulgence

 


Bibliographie

 

Les Yeux de l’amour                                                   Le Seuil                1982
Bonsaï                                                                         Glénat                   1988
La liqueur d’avocelle                                                  Seghers                 1991
La Loire prend sa source au Mont-Gerbier-de-Jonc  Julliard L’atelier  1994
Pour la Saint-Ravaillac                                                H.B. Editions       1996
Contes et griards                                                            Nykta                  2004

 
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ANNE-MARIE GARAT
 

Née près de Bordeaux, Anne-Marie Garat reste fidèle à sa région natale même si elle vit aujourd’hui à Paris où elle enseigne le cinéma et la photographie.
Dans ses romans, elle écrit souvent à partir de paysages et de visages. Maisons et chambres sont les lieux privilégiés où le passé vient battre le présent. Des scènes semblent s’arrêter comme dans un film projeté au ralenti ; et à l’inverse, des images ou photographies s’animent peu à peu avant de retourner à leur fixité première. Quant aux visages, c’est là que s’inscrit l’histoire des personnages. Elle brosse ainsi de merveilleux portraits de femmes, comme dans son dernier roman Les mal famées ou dans Merle (jeune femme, monteuse de cinéma qui aimerait bien que sa vie ait aussi « une ligne générale » comme dans les films…). Analysant les « photos de familles » à la manière d’une sociologue, elle réfléchit aussi aux liens qu’entretiennent l’image et l’écriture, aux moyens de traduire le visible en lisible, explorant ainsi les « chemins de la création » romanesque.

 

« Les gens ne racontent pas leur vie dans l’ordre, ni dans les grandes lignes, ils y vont par petites touches locales, à l’impressionniste… Ils laissent des fils traîner, des bouts sans suite, qu’on laisse perdre par mégarde, par indifférence. Ce petit bout de fil, il faut du temps, ensuite, pour le renouer, raccorder les pièces et recoudre les morceaux ensemble, et que ça commence à ressembler à quelque chose. Et même ce que les gens portent sur eux, on n’y fait guère attention : une bague, une chaîne ou une broche de deux sous, agrafée dans le col au creux du cou.[…] On se pose rarement des questions. Pourtant les gens promènent, chiffrée sur eux, toute leur histoire… Bien plus tard, il faut prendre la loupe pour vérifier de plus près, sur les photos, alors on se demande quoi, et comment, mais c’est trop tard. Ils ne sont plus là pour donner la réponse. »

Anne-Marie Garat, Les mal famées, Actes Sud, 2000

Bibliographie

L’homme de Blaye          Flammarion         1984
Voie non classée             Flammarion         1985
L’insomniaque               Flammarion         1987
Le monarque égaré        Flammarion         1989
Chambre noire               Flammarion          1990
Aden                                Le Seuil               1992
Photos de familles          Le Seuil               1994
Merle                                 Le Seuil               1996
Dans la pente du toit      Le Seuil              1998
L’amour de loin             Actes Sud           1998
Istvan arrive par le train Le Seuil              1998
Les mal famées               Actes Sud            2000
 
 
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PASCAL GARNIER
  

Né en 1949, il a beaucoup voyagé et fait de nombreux petits boulots. Au début des années 80, il commence à écrire pour le secteur jeunesse où il a publié une vingtaine d’ouvrages. Il vient de publier deux romans au Fleuve Noir : La place du mort et Les insulaires.
Ces dernières années, il partage son temps entre les animations d’ateliers d’écriture et les résidences d’écriture (Arras, Mulhouse, Les Mauges en 97-98 pour l’opération  « nuages noirs sur le bocage ». (voir dans ce numéro le Nouvellaire d’Harfang)

 

Bibliographie (Nouvelles )

Contes goutte                        L’entreligne       1985
L’année sabbatique              P.O.L.              1986
Surclassement                      P.O.L.              1987
La barrière                           Folie d’encre     1987
Cas de figure                        Syros                1990
Trop près du bord                 Syros                1990
T’avais qu’à pas vieillir       Verger              1997
Attention enfants !                Siloë                 1998

 
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 PASCALE GAUTIER
 
 
        Peut-on à la fois être écrivain (romancière ou nouvelliste) et éditeur ? Depuis plus de quinze ans, Pascale Gautier mène les deux carrières en parallèle. Apparemment avec succès.
D’abord avec force, ce sont des histoires concises et denses qu’elle distille en un recueil de nouvelles Folies d’Espagne et sept romans dont le dernier : Trois grains de beauté a été salué par la critique. Des histoires où la mort rôde à chaque page et où des frères s’entredéchirent…
Ensuite, avec détermination, elle vient de relancer une véritable collection littéraire aux éditions Buchet-Chastel, qui après quelques années de sommeil, connaissent une renaissance depuis 2000. Depuis, elle travaille à découvrir, lancer et suivre des auteurs comme Mercedes Deambrosis, Anne Guglielmetti, Marie-Hélène Lafon, Philippe Ségur…

 
«  La nouvelle doit se suffire à elle-même : on n’en lit pas quinze de suite ! […]Mais il existe aussi des fragments qui ne prennent tout leur sens qu’une fois assemblés en recueil.  »

Pascale Gautier, L’Express, 2004

Bibliographie


 
Moribondes                     Roman                 Fixot                    1988
Villa mon désir              Roman                 Fixot                    1989
Vertige                           Roman                 Quai Voltaire         1992
Folies d’Espagne            Nouvelles             Julliard                 1995
Les amants de Boringe   Roman                 Albin Michel         1997
Mercredi                         Roman                 Phébus                 2000
Frères                             Roman                Castor Astral        2002
Trois grains de beauté    Roman                 Joëlle Losfeld        2004

 
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ANNA GAVALDA

 
Avant d’être l’auteur d’un recueil Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part qui en six mois a été lu par plusieurs dizaines de milliers de lecteurs et salué unanimement par la critique, Anna Gavalda a exercé de nombreux petits métiers (serveuse, ouvreuse, caissière, hôtesse d’accueil, rédactrice d’annonces et d’articles…). Aujourd’hui, elle mène de front ses travaux de « professeur de français le matin, d’aide-vétérinaire l’après-midi, de maman à plein temps… et d’écrivain la nuit ».
Et avant d’écrire « sérieusement », elle a aussi été lauréate de « la plus belle lettre d’amour » (prix France-Inter 1992) et du prix du Festival de Saint-Quentin en 1998 !
Elle ne parle pas d’elle, mais des autres, celles et ceux qu’elle a observés au cours de ses multiples activités. Elle saisit au vol les petites phrases, les attitudes… enfin tous les détails de la vie quotidienne avec l’humour décapant de ceux qui épinglent les travers de nos contemporains où chacun croit reconnaître son voisin à défaut de se reconnaître soi-même dans le miroir.
Ainsi elle se glisse dans la peau d’un représentant de commerce à l’origine d’un fait divers tragique, d’un séducteur victime de son téléphone portable, d’une vétérinaire qui saura trouver le juste châtiment pour les paysans qui l’ont violée, d’une jeune femme enceinte d’un enfant mort-né, d’un jeune conscrit…. Entre rires et larmes, entre miel et fiel, chacune des douze nouvelles semble concentrer en une « gorgée minuscule » … les cruautés banales de la vie.

Joël Glaziou

 
« Je croise des gens. Je les regarde. Je leur demande à quelle heure ils se lèvent le matin, comment ils font pour vivre et ce qu’ils préfèrent comme dessert par exemple. Ensuite, je pense à eux. J’y pense tout le temps. Je revois leur visage, leurs mains et même la couleur de leurs chaussettes. Je pense à eux pendant des heures voire des années et puis, un jour, j’essaie d’écrire sur eux. »
  Anna  Gavalda  Février 2000

Bibliographie

 
Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part    Dilettante              1999

 
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HUBERT HADDAD

Né à Tunis en 1947, Hubert Haddad a vécu enfant à Ménilmontant puis dans les banlieues populaires. Il fonde à vingt ans la revue de poésie "le Point d’être" dans les marges du surréalisme. Romancier, nouvelliste, poète, dramaturge ou essayiste, il a publié à ce jour plus de quarante volumes où il explore toutes les voies de la littérature et de l'imaginaire. Il est un des animateurs du mouvement littéraire "nouvelle Fiction". il anime par ailleurs des ateliers d’écriture dans les écoles, les hôpitaux ou les prisons (expérience qui lui a fourni la matière des deux volumes du Magasin d’écriture).
L’année 2011 voit sa consécration en tant que nouvelliste puisqu’à l’occasion des 20 ans des éditions Zulma viennent de paraître deux superbes coffrets Nouvelles du jour et de la nuit, soit 10 recueils comportant une soixantaine de nouvelles, reprises, réécrites et inédites… sans oublier le recueil Vent printanier (4 nouvelles sur la Rafle du Vel’ d’Hiv) et son dernier roman pour la rentrée Opium Poppy (superbe roman sur un enfant de la guerre et de l’exil). Montrant ainsi que son œuvre se nourrit autant aux sources de l’imagination universelle et intemporelle que des réalités contemporaines les plus tragiques. Raison suffisante pour mettre en avant un véritable écrivain qui allie l’originalité des mondes créés (qu’ils soient réels ou imaginaires) à la finesse d’un style personnel et d’une langue poétique.

à propos des Nouvelles du jour et de la nuit (in Harfang N° 39)

 
« j’ai voulu revisiter plus de 30 ans d’écriture de nouvelles et tâcher d’en recomposer l’unité dans un sens à la fois musical et plastique, en faisant résonner, d’un recueil à l’autre et d’un coffret à l’autre, les accords harmoniques tout en dénouant les échappées oniriques. » 
Hubert Haddad
 
« Il est à la fois ce forgeron, cet artisan, qui entre jour et nuit, entre réalité et fiction, crée avec ses mots, ce langage toujours ciselé et réinventé, un véritable univers où la permanence côtoie l’insaisissable. Une fois de plus Hubert Haddad nous offre un instant de lecture à part, pur et vrai. Un instant de grâce. » 
Coralie Auder ( Harfang) 

Bibliographie (extraits)


 L’Univers  roman-dictionnaire (Pocket en 2003)                   Zulma          1999
La Cène     roman                   (Livre de Poche 2010)             Zulma          2004
Le Nouveau magasin d’écriture      essai                               Zulma          2006
Le Nouveau nouveau magasin d’écriture                             Zulma          2007
Oholiba des songes       roman         (réédition)                     Zulma          2007
Palestine roman Prix Renaudot Poche (Livre de Poche 2008) Zulma       2007
Géométrie d’un rêve     roman         (Livre de Poche 2011)    Zulma        2009
Vent printanier                                         nouvelles              Zulma          2011
Nouvelles du jour et de la nuit (2 coffrets)                          Zulma          2011
Opium Poppy               roman                                              Zulma          2011
Le Peintre d'éventail   roman                                               Zulma          2013
Les Haïkus du peintre d'éventail                                         Zulma          2013

 
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MICHEL HOST
 

Michel Host est né en 1942, en Flandre. Après une enfance partagée entre petite ville de province et campagne, puis 8 années de pensionnat, il échappe à la vie familiale à 19 ans, se rend à Paris, tente d’y devenir instituteur, épouse une artiste peintre et entreprend des études d’espagnol en Sorbonne. Parallèlement, il écrit son premier roman. Six années de travail couronnées par le prix Robert Walser en 1983. Puis c’est le Prix Goncourt en 1986. Depuis, Michel Host est un écrivain discret qui en une vingtaine d’ouvrages a exploré avec bonheur tous les genres : le roman, la nouvelle, la poésie… sans oublier l’essai et la traduction. Il appartient à cette catégorie d’écrivains qui privilégient l’imaginaire… avec cette particularité que pour lui la fiction se teinte souvent d’une pointe d’humour ! Aujourd’hui, il dirige des ateliers d’écriture en milieux scolaires « difficiles », et dans d’autres cadres comme ceux du Prix du Jeune Écrivain.

 

« La plupart de mes récits ont été écrits sous l’empire d’un moteur puissant, celui qui conduit le réel que l’on croit mettre en scène à du fictionnel issu de l’implacable logique interne du récit, parfois même à un fantastique qui prolonge le réel initial et finit par le teinter, l’englober, le phagocyter…Dans un nuage je voyais une dame au hennin au haut de son donjon, dans une auto un taureau à toréer. Ce moteur de l’imagination fait encore et toujours avancer ma machine à écrire ! »

 Michel HOST, in Harfang N°33, 2008)


Bibliographie


L’Ombre, le fleuve, l’été                  roman (Prix R. Walser)            Grasset       1983
Valet de nuit                                     roman (Prix Goncourt)             Grasset       1986
Les Cercles d’or                                nouvelles                                 Grasset       1989
Déterrages/Villes                              poèmes                          B. Dumerchez       1997
Alentours                                          petites proses                 L’Escampette       2001
Converso ou la fuite au Mexique    roman                 Fayard (coll. Alter ego)   2002
Heureux mortels (Grand prix de la Nouvelle de la SGDL)             Fayard        2003
Zone blanche                                   roman                            Fayard                  2004
Poème d’Hiroshima                                                               Ed.Rhubarbe        2005
Le petit chat de neige                      nouvelles                        Ed. Rhubarbe       2007
L’Amazone boréale                         nouvelles                        Ed. Luc Pire         2008

 

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MARIE-HELENE LAFON

 
Née à Aurillac, M.-H. Lafon a vécu dix-huit ans dans le Cantal avant de faire des études de Lettres à Paris. Elle enseigne aujourd’hui dans la région parisienne.
Elle commence à écrire en 1996. Depuis, en trois romans et deux recueils de nouvelles, elle a réussi à imposer un univers et un style très personnels. À la manière dont elle décrit les lieux de l’enfance (entre chambres et champs), dont elle dissèque le corps des animaux, dont elle analyse les sensations pour traduire les sentiments, chaque récit est une véritable leçon de choses. Leçon de style aussi à la manière d’aiguiser les phrases, de réduire les personnages à leur seul pronom pour mieux aller à l’essentiel, à l’universel.

« Les volets de la maison sont blancs. On voit la maison de loin. Elle est grosse et presque carrée. Elle a sept fenêtres en façade, trois au rez-de-chaussée, quatre à l’étage. L’arbre est un érable. Il mange la façade. Il la tutoie. Il est dans la maison, il fait corps avec elle. L’arbre et la maison vivent ensemble. La maison et l’arbre n’ont pas d’histoire. »
Marie-Hélène Lafon, Sur la photo, 2003

 Bibliographie

Le soir du chien    Roman              Buchet Chastel               2001
Prix Renaudot des Lycéens
Liturgie                 Nouvelles         Buchet-Chastel               2002
Prix Renaissance
Sur la photo          Roman             Buchet-Chastel               2003
Mo                         Roman             Buchet-Chastel               2005
Organes                 Nouvelles        Buchet-Chastel               2006
Les derniers Indiens       Roman                 Buchet-Chastel               2008
L’annonce             Roman                          Buchet-Chastel               2009
Prix des Librairies Page
Album                                                         Buchet-Chastel               2012
Les Pays                Roman                          Buchet-Chastel               2012
Gordana                Nouvelle                         Chemin de Fer                2012

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LUC  LANG
 

Luc Lang enseigne l'esthétique à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Cergy-Paris.
Son quatrième roman, Mille six cents ventres, Prix Goncourt des Lycéens en 1998, lui a apporté une notoriété certaine. Son dernier ouvrage, un recueil de nouvelles particulièrement féroce, Cruels, 13 a été remarqué par beaucoup, notamment les jurées et lectrices du premier prix Ozoir’elles qu’il a reçu en novembre 2008.

 

Bibliographie


 
Voyage sur la ligne d’horizon                                      Gallimard             1988
Liverpool marée haute                                                  Gallimard             1991
Furies                                                                            Gallimard             1995
Mille six cents ventres                                                  Stock                     1998
Les Indiens                                                                    Stock                    2001
Les invisibles (12 récits sur l’art contemporain)          Ed. du regard       2002
Notes pour une poétique du roman                   Inventaire/Invention        2002
11 septembre, mon amour                                             Stock                    2003
La Fin des paysages                                                      Stock                    2006
Cruels, 13  (nouvelles)                                                  Stock                   2008 

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Pierre Lartigue
 

Pierre Lartigue est romancier, poète, spécialiste de la sextine, critique de danse et, récemment, le très subtil auteur d’une trilogie consacrée à son enfance et à quelques voyages : L’Inde au pied nu (2002), Léger, légère (2003), Le Ciel dans l’eau Angkor (2005). C’est un prosateur dont le style est touché par la grâce nervalienne.

John Taylor
 

« À l’embouchure de la Charente, il y a quinze ans, Mariel a fait une photo des parcs à huîtres quelques instants après la disparition du soleil au-delà de l’île d’¹Aix. Le ciel traversé de lueurs se reflète dans l’¹eau sans ride du bassin de sorte que la levée de terre et la cabane d’ostréiculture s¹étirent en bande sombre entre les deux éclats du ciel et de l¹eau. Or, la photographie prise par moi sans y songer au bord du Tonlé Sap semble une réplique de celle-ci. Grise et bleue, légèrement bosselée, l’eau du lac reflète un ciel doré à l’horizon et la langue de terre s’amincit jusqu’au losange parfait que dessinent le toit d’une maison et son reflet. Ainsi la lumière monte de l’enfance et en nous demeure si vive que nous la retrouvons et allons droit vers elle à l’autre bout du monde. »

Le Ciel dans l’eau Angkor, La Bibliothèque, 2005

 

Bibliographie


 Le Ciel dans l’eau Angkor              essai            La Bibliothèque              2005
Rrose Sélavy, etcaetera                    essai            Le Passage                     2004
Léger, légère                                    essai            La Bibliothèque              2003
Musicienne du silence                     essai            Le Passage                     2002
L’Inde au pied nu                            essai            La Bibliothèque              2001
La Forge subtile                              poésie         Le Temps qu’il Fait        2001
Une Cantine des comptines                                Les Belles Lettres           2001
Un soir, Aragon                               essai            Les Belles Lettres           1997
La Jolie Morte                                 roman         Stock                             1997
Amélie                                                                Tschann                         1995
L’Hélice d’écrire                              essai            Les Belles Lettres           1994
L’Art de la pointe                             essai            Gallimard                       1992
Le Second XVIe siècle : plumes et rafales          essai  Hatier                   1991
Barcelone                                        essai            Champ Vallon                1990
Beaux Inconnus                              roman         Gallimard                       1988
Ce que je vous dis trois est vrai        poésie         Ryoan Ji                         1982

 

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 CATHERINE LEPRONT

 

Catherine Lépront réside aujourd’hui à Paris, après avoir habité Bordeaux et Orléans qui lui a fourni la toile de fond de plusieurs ouvrages comme La Rumeur, Le Passeur de Loire ou Namokel, superbe roman sur la génération d’après-guerre en quête de vérité après des années de silences et d’horreurs.
Depuis une quinzaine d’années, parallèlement à son travail de lectrice et de conseillère littéraire dans une grande maison d’édition, elle a écrit une quinzaine d’ouvrages, alternant essais, romans et textes courts, récits et nouvelles avec Partie de chasse au bord de la mer et Trois gardiennes qui obtient la Bourse Goncourt de la Nouvelle en 1992.
Chez Catherine Lépront, derrière chaque phrase, chaque mot, court un secret, un non-dit qui tisse une autre histoire en contrepoint : l’écriture n’est jamais très éloignée de la composition musicale. Pas plus que ses portraits, surtout de femmes comme dans les Trois gardiennes, Josée Bethléem ou Femme seule à l’aquarium, ne sont éloignés de certains tableaux de maître.
Elle vient de publier une fable sur le pouvoir et ses « placards » secrets intitulée L’affaire du Muséum.
Joël GLAZIOU

 « La nouvelle part souvent d’une seule idée ou d’une simple image, comme une fugue développe un motif. Je la considère comme le genre littéraire qui demande le plus de virtuosité. Sous cette étiquette, sont admises des formes aussi variées et libres que le prélude, la sonatine, la ballade… »

Catherine Lépront, 1993

Bibliographie


Le tour du domaine                Roman                           Gallimard,   1983
Une rumeur                  Roman (Folio N°2561)             Gallimard,   1984
Le retour de Julie Farnèse     Roman                           Gallimard,   1985
Partie de chasse au bord de la mer Nouvelles              Gallimard,   1987
La veuve Lucas s’est assise    Roman                           Gallimard,   1989
Le passeur de Loire                Récit                              Gallimard,   1990
Trois gardiennes                    Nouvelles                       Gallimard,   1992
Un geste en dentelles              Roman                           Gallimard,   1993
Josée Bethléem suivi de
Femme seule à l’aquarium   Récits                              Gallimard,   1995
Namokel                                 Roman                           Le Seuil,      1997
L’affaire du Muséum             Récit                              Le Seuil,      1998

 
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HERVE LE TELLIER

 
Né en 1957, tour à tour ou simultanément mathématicien, journaliste, critique culinaire, enseignant ou « papou » sur France-Culture, Hervé Le Tellier est entré en 1992 à l’Oulipo dont il est l’actuel trésorier.
Même s’il n’aime ni l’anagramme ni le palindrome, il avoue écrire « sous la contrainte » et l’Oulipo lui permet de combiner ses 12 contraintes préférées : jubilation, complicité, immédiateté, continuité, appropriation, éphémèrité, fécondité, déguisement, goût du secret, correspondance, « à la limite », oralité.
Ainsi de Sonates de bar (composé de 86 textes de 2000 signes) à Joconde jusqu’à cent  en passant par les 1000 réponses à la question « à quoi tu penses ? » dans Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable, Hervé Le Tellier mêle les chiffres et les lettres avec une érudition et un humour rares.
Au-delà de l’aspect ludique et humoristique, on trouve aussi des réflexions plus graves sur l’Histoire de l’Humanité et l’histoire des individus, comme dans les 6 nouvelles réunies dans Quelques mousquetaires. Montrant ainsi que sans vouloir pour autant faire passer un message, la contrainte première est toujours la nécessité de faire sens.

 

« Je pense que je ne suis pas arrivé à écrire ce roman aux paragraphes écrits sur des cartes à jouer, qu’on pourrait battre afin de créer chaque fois une histoire différente. »

Hervé Le Tellier, Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable,

Le Castor Astral, 1998

 Bibliographie

Sonates de bar                                           Seghers                          1991
Le voleur de nostalgie                               Seghers                          1992
Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable  Castor Astral       1997
La disparition de Perek                            « Le Poulpe » Baleine    1997
Joconde jusqu’à cent                                Castor Astral                  1998
Quelques mousquetaires                           Castor Astral                  1999
Inukshuk                                                  Castor Astral                  1999
Zindien                                                     Syllepse                         2000

 
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GERARD MACE

 
Dès ses premiers poèmes en prose, l’œuvre de Gérard MACÉ s’est révélée comme un croisement intense de nombreux domaines de l’aventure humaine. Semés d’allusions autobiographiques et de connaissances rares, ses livres interrogent les cultures primitives et savantes, les langues et les hiéroglyphes, le rêve et la fable, les mythes et les signes. Se situant à ce lieu où “la poésie tombe dans la prose” (Nerval), il appartient à ces aventuriers en quête des nouvelles possibilités du récit.”

John Taylor

 
« Minuscule et vaste comme le monde, le jardin japonais de ma mère était posé sur sa table à ouvrage.
Ce qu’on appelait un jardin japonais dans les années cinquante, et qui ornait les intérieurs populaires, ne devait rien à un quelconque traité du paysage, encore moins à l’enseignement de maîtres lointains. C’était une vasque en céramique emplie d’un gravier très fin, et ce sol aux couleurs vives était parcouru par les méandres d’une rivière dont le lit était un miroir, ainsi que par un sentier où l’on avait posé une figurine :  une femme peut-être en kimono (mais je n’en jurerais pas), protégée par une ombrelle en papier de la seule lumière qu’elle avait à craindre, alors qu’elle suffisait à peine pour lire: celle d’un lampadaire, dans la salle à manger.
C’est grâce à cet objet, en apparence insignifiant, que le Japon associé aux jardins est entré dans mon imaginaire. Situé nulle part, et sans plus d’existence réelle qu’à l’origine, où l’on se plaît à le voir, dans les chroniques locales les plus anciennes, sous la forme d’une île flottante, d’une feuille ou d’un poisson. C’est encore cet objet (à côté duquel était posé un coquillage à la fente ourlée, l’un de ces coquillages que l’on porte à l’oreille pour entendre le bruit de la mer) qui m’a donné à mon insu la conviction qu’un espace immense peut tenir dans le creux de la main… »

Gérard Mace, Un monde qui ressemble au monde, Éditions MARVAL, 2000

 Bibliographie choisie


Bois dormant et autres poèmes en prose   Gallimard, Poésie, 2002  1974-1983
Le dernier des Égyptiens                           Gallimard (“Folio”)                  1988
Vies antérieures                                        Gallimard                                 1991
La mémoire aime chasser dans le noir     Gallimard                                 1993
L’autre hémisphère du temps                   Gallimard                                 1995
L’art sans paroles                                     Gallimard                                 1999
Un détour par l’Orient                             Gallimard                                 2001
Le goût de l’homme                                  Gallimard
La photographie sans appareil                 Éditions Le Temps Qu’il Fait    2001
Un monde qui ressemble au monde : les jardins de Kyôto   Marval         2000

 
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DOMINIQUE MAINARD

        Dominique Mainard est parisienne… quand elle n’est pas en voyage à l’étranger pour son travail de traductrice… Et quand son travail de traductrice lui en laisse le temps, elle est nouvelliste et/ou romancière…
Jeune nouvelliste révélée en 1991 par le Prix du jeune écrivain et le prix Prométhée, elle a su imposer son style en quelques recueils. Ses textes plongent le lecteur dans un monde où sont abolies les frontières entre l’humain et le monstrueux… Conjuguant l’eau et le feu, l’air et la terre, les personnages se trouvent entre l’animal, le minéral et le végétal. Au centre de chaque histoire, mi-conte mi-nouvelle, se trouve un secret qui oscille entre rêve et réalité, sans doute parce que « l’histoire est une chose lourde à porter et qui parfois doit être tenue secrète ».
Dans ses textes où tous les sens sont sollicités, le lecteur peut retrouver, par exemple, les parfums fantastiques de Silvina Ocampo et les senteurs oniriques de G. Garcia Marques ou surréalistes de Pyere de Mandiargues.
Le choix des auteurs qu’elle traduit montre qu’elle est sensible aux mêmes thématiques, que ce soit dans les romans et les nouvelles de Jo Ann Beard, de Janet Franet ou de Vicki Hendricks

Joël Glaziou

 « De ses yeux fatigués, elle scrutait les feuillages, les roches et les pierres, s’attendant à chaque instant à voir surgir quelque chose de vert sur du vert, quelque chose de gris sur du gris, mais rien n’apparaissait et elle sentit perler à ses paupières les larmes qu’elle avait retenues presque cent ans plus tôt devant le petit berceau. A présent les oiseaux chantaient à la rendre sourde, mais elle espérait encore, les yeux fixés sur les roches et les feuillages, et quelque chose apparut à l’instant même… »

Augustino, Dominique Mainard

 

Bibliographie


 
Le second enfant                             La Différence                 1994
Le grenadier                                    Gallimard                       1997
La Maison des fatigués                   Joëlle Losfeld                 1999

 
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Katherine MANSFIELD
(1888-1923)

 

Née en Nouvelle-Zélande, elle prend le pseudonyme de Kathleen Mansfield Beauchamp, nom de sa grand-mère maternelle, choix significatif d’un écrivain pour qui l’héritage féminin est essentiel. En effet, ses nouvelles reflètent souvent le point de vue d’un protagoniste féminin.
À 14 ans, elle part faire ses études secondaires à Queen’s College en Angleterre. Cette séparation développe chez elle un grand sens de l’indépendance, un attachement à l’Europe et une profonde nostalgie de son pays natal, comme en témoignent les nouvelles Prélude et At the Bay qui s’inspirent de son enfance. The Garden-Party montre cependant chez K. Mansfield un esprit critique vis-à-vis de son milieu bourgeois d’origine.
En Angleterre et en France, elle fréquente plutôt les milieux artistiques. Elle connait ainsi D. H. Lawrence et Virginia Woolf. Moderniste, son écriture sophistiquée qui utilise la polyphonie, l’ellipse, l’indirection ou un symbolisme complexe, problématise les conceptions conventionnelles des rapports sociaux et familiaux, de la place de la femme ou de l’unité du moi. Marquée par la mort de son frère en 1915 et la tuberculose qui finalement l’emportera, elle aborde aussi le thème de la mort et de la guerre.
 
« Avec Katherine Mansfield, la brièveté devient structure symbolique de la grandeur et de la contingence de la condition humaine et témoigne d’une conception moderne de l’écriture qui ne peut jaillir que dans la fragilité de l’instant. »             
 
Laurent LEPALUDIER Katherine Mansfield :Selected Stories, Ellipses, 1997

 

Bibliographie


                   Pension allemande                                            1911
                   Félicité                                                              1920
                   La Garden Party                                                1922
                   Le nid de colombes                                             1923

 
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JEAN-YVES MASSON

 
Jean-Yves Masson est né en 1962. Il a fait des études de lettres et de philosophie à Paris. Poète, écrivain et traducteur, il dirige la collection « Der Doppelgänger » aux éditions Verdier (littératures germaniques).
En 2008 pour son recueil de nouvelles Ultimes vérités sur la mort du nageur, il a reçu 3 prix prestigieux : la Bourse Goncourt de la Nouvelle, le Prix Renaissance et la Bourse Thyde Monnier de la SGDL…
Si ses nouvelles semblent proches du conte fantastique et proche de l’autobiographie, J.-Y. Masson considèrent cependant que chaque nouvelle est une sorte de rêve éveillé entre réel et imaginaire, de rêverie intérieure et personnelle qu’il invite le lecteur à partager.


Bibliographie


 
Don Juan ou le refus de la dette (essai)                         Galilée         1990
en collaboration avec Sarah Kofman  
Onzains de la nuit et du désir (poèmes)                         Cheyne       1995
L'isolement                                                                     Verdier         1996
Le Chemin de ronde (carnets)                     Voix d’Encre                 2003
Hofmannsthal, renoncement et métamorphose                      Verdier        2006
Ultimes vérités sur la mer du nageur (Nouvelles)                     Verdier        2007
Neuvains du sommeil et de la sagesse (poèmes)           Cheyne        2007
Poèmes du festin céleste                            l’Escampette                    2008

 
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ISABELLE MINIERE
 
Isabelle Minière est née le jour de la Saint-Barthélémy, mais elle n’y est pour rien. Elle aime bien les gens – mais pas tous. Elle aime marcher – mais ça dépend avec qui. Elle ne regarde pas la télévision, sauf les soirs des élections.
Depuis 2001, en six romans et un recueil de nouvelles (Maison buissonnière), elle a montré qu’elle porte beaucoup d’intérêt aux mots pour analyser les petits maux quotidiens et aussi un intérêt particulier aux liens humains qui existent entre homme et femme (Un couple ordinaire) entre parents et enfants (La première marche). Un style simple et efficace apprécié par de nombreux lecteurs (entre autres les comités Inter CE)
En 2009, elle a reçu le Prix de la Nouvelle du Scribe à Lauzerte pour son recueil Maison buissonnière.
Elle vient de publier Ce que le temps a fait de nous (éd. Le Chemin de fer) et Mon amoureux et moi (éd. D’un Noir Si Bleu).

 
" La dimension orale est importante pour moi. J’entends ce que j’écris. J’écoute les personnages. Je suis plus auditive que visuelle et ça transparaît sans doute dans ce que j’écris. J’aime la lecture à haute voix, la lecture me fait souvent l’effet d’une conversation, j’entends ce que je lis. Le texte me parle – ou bien j’entends des voix ? Je « dis » mes textes, je les prononce souvent, ça participe au travail d’écriture." 
Isabelle Minière, in Harfang N°36, 2010

Bibliographie

 Le soupirant                                              Lattès                            2001
Méthode infaillible contre l’adversité       Lattès                             2002
Vous quitter m’a coûté                             Le Verger                      2004
Cette nuit-là                                              Le Dilettante                   2004
Un couple ordinaire                                  Le Dilettante                   2005
La première marche                                 Le Dilettante                   2007
Maison buissonnière (Nouvelles)               Delphine Montalant         2008
Ce que le temps a fait de nous                   Le chemin de fer            2011
Mon amoureux et moi (Nouvelles)             D’un Noir Si Bleu          2011

 
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ANNA MOÏ

 
Née à Saïgon, Anna Moï a longtemps séjourné à Paris et Tokyo. Aujourd’hui, elle partage son temps entre la France et le Viêt-Nam. Créatrice dans l’âme, elle est styliste de mode, pratique le chant et depuis 2001, « écrivaine francophone ».
Dans ses nouvelles, Anna Moï tient des chroniques poétiques et humoristiques du Vietnam d’aujourd’hui. Dans ses romans, elle fait revivre l’histoire mouvementée de ce pays à travers des destins tragiques. Et en filigrane, il y a toujours une réflexion sur la création, sur l’art, sur la musique, le chant, la peinture ou sur la langue. Car les mots sont le matériau de la liberté pour cette polyglotte, qui a choisi d’écrire en français.
C’est ce qu’elle montre avec beaucoup de virtuosité dans son dernier roman Violon et dans son essai sur la « francophonie sans les français ».

 Bibliographie

 
L’écho des rizières          nouvelles     Ed. de l’Aube                 2001
Parfum de pagode          nouvelles     Ed. de l’Aube                 2003
Riz noir                           roman                   Gallimard              2004
Rapaces                          roman                   Gallimard              2005
Violon                             roman                   Flammarion           2006
Espéranto, désespéranto essai                     Gallimard              2006

 

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Nouvelles d’Anjou


des bords de Loire aux ardoisières avec des nouvelles « bleues »

de Théodore PAVIE, René BAZIN et Mathilde ALANIC...

 
Le patrimoine littéraire de notre région est riche... Si riche qu’il est parfois difficile de choisir entre des dizaines de noms et de titres si l’on s’en tient aux seuls nouvellistes angevins évoquant notre région...
Ainsi, nous commencerons par Théodore Pavie (1811-1896), issu d’une grande famille angevine, fils de Louis Pavie et de Victor (ami de Hugo et de David d’Angers). Ce fut un très grand voyageur, surtout en Asie et dans les deux Amériques. Traducteur de contes chinois ou Indiens, il sut aussi traduire dans ses nouvelles la vie des paysans de l’Ouest et le romantisme des bords de Loire, comme dans La fauvette bleue...
Puis nous évoquerons René Bazin (1853-1932), grand-oncle d’Hervé-Bazin, académicien, auteur d’une vingtaine de romans et d’une douzaine de recueils de nouvelles (soit plus de 200 nouvelles !) qui fut un très grand « peintre » des provinces françaises dans la première moitié du siècle... Fidèle à l’Anjou, il lui consacre ses plus beaux textes, notamment ceux sur la Loire (comme Les yeux tristes) ou sur les ardoisières de Trélazé avec Le fond bleu.
Enfin, Mathilde Alanic (1864-1948), d’origine bretonne, née à Angers, qui suit les cours de philosophie du jeune Bergson, et qui atteint une certaine notoriété entre les deux guerres en publiant une quarantaine de romans sentimentaux ainsi que cinq recueils de nouvelles. Dans Au pays de l’ardoise, elle restitue de manière très réaliste un drame social et psychologique qui se déroule aux ardoisières de Trélazé au début du siècle...
 

« Peintre dans ses romans, René Bazin ne l’est pas moins dans ses nouvelles; et si l’on dit qu’une nouvelle sans défaut vaut seule un roman, c’est par douzaine que l’on pourrait compter les nouvelles sans défaut dans son œuvre. Il y condense en quelques pages, des paysages de bois et de champs et des vues d’âme, avec une couleur, une animation, discrète et ramassée, une intensité de vie, une perfection de forme, que personne ne dépasse et que peu d’autres atteignent. »   

Charles Baussan

 Bibliographie


 
Nouvelles des Pays de la Loire (anthologie en 3 volumes) aux éditions SILOË

Tome 1 : Un drame au bord de la mer et autres nouvelles de Balzac, Dumas, Pavie et Zola.
Tome 2 : Au long duVal de Loire et autres nouvelles d’Alanic, René Bazin, Foley, Leroyer de Chantepie...
Tome 3 : La folie des bords de Loire et autres nouvelles de Hervé Bazin, Cornière, Joulain, Laurendeau...

 
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VERONIQUE OVALDE

 
Née en région parisienne et habitant aujourd’hui Paris, Véronique Ovaldé mène une double carrière de romancière et d’éditrice (notamment depuis 2009 chez Albin Michel). C’est elle qui découvre Jean-Michel Guénassia et son « Club des incorrigibles optimistes » 
En 10 ans et 7 ouvrages, elle a imposé un univers bien particulier et un style très personnel. Depuis Le Sommeil des poissons jusqu’à Ce que je sais de Vera Candida, le lecteur est surpris à chaque détour de page par des personnages et un langage qui n’existent que dans des géographies imaginaires d’île arctique ou d’île des Tropiques… On y rencontre des femmes à la fois soumises au milieu et éprises de liberté sorties d’un conte d’enfance ou du mythe des Amazones. 
Ces dernières années, la reconnaissance de la critique, des libraires et du public lui a valu quelques prix : en 2006, la Bourse Goncourt du livre jeunesse avec l’illustratrice Joëlle Jolivet pour leur album, La Très Petite Zébuline En 2008, le Prix France Culture/Télérama pour son roman Et mon cœur transparent. En 2009, Ce que je sais de Vera Candida reçoit le Prix Renaudot des lycéens, le Prix France Télévisions 2009 et le Grand Prix des Lectrices de Elle en 2010.
Cette reconnaissance s’étend aussi à l’étranger, puisque ses romans sont déjà traduits en une dizaine de langues.

 

Bibliographie

 

Le Sommeil des poissons                                    Éditions du Seuil   2000
Toutes choses scintillant                                    Éd. de L’Ampoule 2002
Les hommes en général me plaisent beaucoup  Actes Sud             2003
Déloger l’animal                                                 Actes Sud             2005
La très petite Zébuline, avec Joëlle Jolivet         Actes Sud Junior   2006
Et mon cœur Transparent                                  Éditions L’Olivier 2007
Ce que je sais de Vera Candida                         Editions L’Olivier  2009


 
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GRACE PALEY
 

Poète et nouvelliste, Grace Paley est new-yorkaise.
Elle est considérée comme l’une des meilleures représentantes des écrivains de l’école juive new-yorkaise mais aussi comme l’une des meilleures représentantes des femmes dans la littérature américaine d’après-guerre. C’est d’ailleurs à ce double titre qu’elle l’invitée de l’université d’Angers pour un colloque international qui lui est consacré.
Depuis 1959 où paraît son premier recueil The little disturbances of man (les Petits riens de la vie), elle met en scène dans ses nouvelles la violence ordinaire de la vie quotidienne avec un humour féroce et des dialogues vifs.

 
 « .Ses récits prennent souvent la forme d’énigmes, de contes philosophiques, mais ils ne comportent aucune véritable conclusion. Au lecteur ensuite de se débrouiller, de chercher la signification profonde de telle parole ou de tel rire. »

François Bott, Le Monde, 1986


Bibliographie (Nouvelles)


 
Les petits riens de la vie                                      Rivage Poche                 1959
Enorme changement de dernière minute          Rivage Poche                 1974
Plus tard le même jour                                       Rivage Poche                 1985

 
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EDGAR POE
 
(1809-1849)

Les épisodes turbulents de sa vie : orphelin à 13 ans, relations difficiles avec ses parents adoptifs, attitude rebelle à l’université, mariage malheureux avec sa cousine de 13 ans, misère, tentatives de suicide, goût du jeu, de l’alcool, de la drogue... font de lui un génie persécuté, choquant les uns, fascinant les autres.
Poe fut à la fois l’enfant maudit des lettres américaines et le premier écrivain considéré comme l’égal des européens. En effet, dès le début du XIXè siècle, le roman américain « s’émancipe » du roman européen et produit ses premiers chefs-d’œuvre avec Hawthorne, Melville et Poe. Ce dernier plonge dans un univers aux confins du réel et de l’imaginaire, à mi-chemin entre bien et mal, entre innocence et culpabilité, entre civilisation et état sauvage, entre lumières et ténèbres...
Créateur du conte gothique et du genre policier, il cultiva la littérature du mystère , du macabre et du fantastique comme nul autre auteur de son temps.
Maître incontesté dans l’art du récit, il n’est pas seulement le fondateur de la nouvelle moderne qu’il a admirablement illustré à partir du Double Assassinat de la Rue Morgue, mais il en est aussi le critique et le théoricien rigoureux. ainsi pour lui « une intrigue n’est parfaite que si nous nous trouvons incapables d’en détacher ou d’en déformer le moindre incident sans démolir tout l’ensemble ».

 
 « Parmi les écrivains trop rares qui ont travaillé à la limite de la rêverie et de la pensée objective, dans la région confuse où le rêve se nourrit de formes et de couleurs réelles, où réciproquement la réalité esthétique reçoit son atmosphère onirique, Edgar POE est l’un des plus profonds et des plus habiles. »

Gaston BACHELARD, Introduction aux Aventures d’Arthur Gordon Pym
          

Bibliographie (nouvelles seulement)


 

Histoires extraordinaires                 1840 (traduit en 1856 par Baudelaire)
Nouvelles histoires extraordinaires  1845  (traduit en 1857)
Histoires grotesques et sérieuses                (traduit en 1864)

  
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CHANTAL PORTILLO

 
D’origine hispanique, Chantal Portillo, passe son enfance en Afrique. Aujourd’hui elle vit à Paris. Romancière et nouvelliste, elle anime des ateliers d’écriture, de lecture, des soirées autour de la littérature contemporaine dans plusieurs lieux, dont La Maroquinerie, café littéraire à Paris.
Dans le numéro 24 d’Harfang, elle avait livré quelques extraits de son « Journal du voyage imaginaire avec Marc Roger »… lecteur public qui effectuait alors un tour de la méditerranée « à pied et à haute voix ». Aujourd’hui, elle nous livre un souvenir de son passage à Angers en 2004.

 

Bibliographie


 Á mains nues      Roman (Prix Bleu-Citron) Ed. Hors Commerce    1995
La paupière du soleil    Nouvelles             Ed. Bruit des autres        1996
La femme Sanguine   Nouvelles             Ed. Barde-la-Lézarde       1996
Les Chercheurs de Sel   Nouvelles             Ed. Barde-la-Lézarde      1998
La femmepluie             Roman                 Editions Bérénice              1999
Les étoiles ont le vertige Nouvelles            Ed. Galerie Caractère      2001
Journal d’une vieille sournoise et vilaine, en plus,    Bérénice      2002
La Marque du crayon   Essai                    Editions Bérénice          2003
La petite punaise blanche      Roman        Héloïse d’Ormesson       2005

 
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CHRISTIANE ROLLAND HASLER


Née à Montjean, en Anjou, Christiane Rolland Hasler  habite à Lagny. Successivement enseignante, hôtesse de l’air, elle est aujourd’hui… bibliothécaire dans la région parisienne.
Depuis une quinzaine d’années, elle a choisi la nouvelle comme moyen d’expression. Et elle ne se contente pas d’illustrer le genre en publiant en recueils et dans de nombreuses revues, mais elle le défend brillamment en tant que jurée dans plusieurs concours et en tant que chroniqueuse dans la revue Brèves.
Pour elle, la nouvelle est un « art nomade », qui doit saisir au vol une émotion, une sensation. Chaque texte doit mettre à nu l’essentiel. Que ce soit sur le mode réaliste en essayant d’aller au-delà des multiples petits événements qui constituent le quotidien. Ou que ce soit sur le mode fantastique -comme dans son dernier recueil Villégiatures- en désignant la fissure qui permet d’ouvrir de nouveaux espaces.

 
«  La forme de la nouvelle évite à l’émotion de se ternir ou de se diluer. Ceci est possible parce qu’elle est rapide, directe, qu’elle ne s’embarrasse d’aucune fioriture, elle ne garde que l’indispensable. La nouvelle va sans bagages. Elle saisit le lecteur, comme une température extrême. »
Christiane Rolland-Hasler, Harfang, N°5, 1993

 

Bibliographie

 

 

Bonjour, Miss Adam !   Nouvelles             Atelier du Gué        1889
Les Frimeurs                  Nouvelles             Atelier du Gué       1994
Villégiatures                    Nouvelles             Fayard                  2000

 
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JACQUES ROUBAUD

 

Né en 1932, Jacques Roubaud, mathématicien, linguiste, écrivain, se présente comme compositeur de mathématique et de poésie. Autrement dit avec un humour dont il ne se départit jamais, un passionné « de chiffres et de lettres » (sans aucune connotation médiatique cependant). Plus de 40 ouvrages balisent ainsi 3 grandes pistes dans une recherche ininterrompue d’écritures.
Le parcours commence véritablement avec les recherches poétiques formelles de S et Trente et un au cube, se poursuit parallèlement dans le cadre de l’Oulipo (créé par R. Queneau en 1960) et la participation active aux revues Action Poétique, Po&sie et Change... J. Roubaud devient même l’un des théoriciens les plus en vue de la poésie avec un essai sur le vers français : La vieillesse d’Alexandre (1978) et avec un dialogue socratique Poésie etcetera : ménage (1995)
Puis c’est l’aventure du théâtre (le cycle du Graal) et du roman avec la trilogie d’Hortense et les 3 tomes de récits entrecroisés sur l’impossibilité d’écrire le roman rêvé Le grand incendie de Londres qui est peut-être le constat d’échec du roman lui-même.
Enfin ces dernières années, la recherche d’une alternative idéale, entre poésie et roman, semble prendre la voie des récits courts qui se multiplient et se développent en tous sens, comme La dernière balle perdue...

Joël Glaziou

« Un poème, à la différence du roman, est toujours ouvert dans la mémoire. La fin du roman est le suicide de récit. Le roman, à la différence des poèmes dont la raison d’être est d’être pour la mémoire, et donc n’existe que d’être relu, est voué à s’effacer parce qu’il finit. »
 Poésie etcetera : ménage. Jacques Roubaud, Stock

Bibliographie


            e                                                      Gallimard,   1967,           Poésie
         Trente et un au cube                        Gallimard,   1973,           Poésie
         Autobiographie, chapitre dix          Gallimard,   1977            Poésie
         La vieillesse d’Alexandre                Maspero,     1978            Essai
         La belle Hortense                             Ramsay,      1985           Roman
         Quelque chose noir                          Gallimard,   1986            Poésie
         L’enlèvement d’Hortense                 Ramsay,      1987            Roman
         Le grand incendie de Londres        Le Seuil,      1989            Récits
         L’exil d’Hortense                            Seghers,      1990            Roman
         La boucle                                        Le Seuil,      1993            Récit
         Poésie etcetera : ménage                 Stock,         1995            Essai
         Mathématique                                 Le Seuil,      1997            Récit
         Le chevalier silence                         Gallimard,   1997            Récit
            La dernière balle perdue                 Fayard,       1997            Récit

 
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DANIELE SALLENAVE
 

Née à Angers, Danièle Sallenave a fait une carrière universitaire en enseignant la littérature et le cinéma. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, elle a exploré la littérature dans la diversité de ses formes, romans, récits, nouvelles, dialogue théâtral, carnets de voyages, essais… Des Portes de Gubbio, Prix Renaudot 1980, à D’amour (2002) superbe biographie croisée de deux êtres chers, en passant par Printemps froid (1983), recueil de nouvelles exemplaire, s’élève la voix d’une auteur attachée à analyser les ressorts de la vie conjugale et de toutes les vies "empêchées", toutes les vies "mutilées", persuadée que seule la littérature permet d’accéder à la "vraie vie" et qu’une "vie racontée est une vie sauvée"…
Un premier colloque international a été consacré à son œuvre à Angers en 1999 et un fonds "Danièle Sallenave" vient d’être constitué à la Bibliothèque Universitaire d’Angers.
 
« Les livres sont le legs des générations disparues -le don que nous font les morts pour nous aider à vivre. […] Sans les livres, toute vie est une vie ordinaire »

Le don des morts, Gallimard, 1991

 « La littérature pense le monde […] Elle est seule à pouvoir le faire »
 
Danièle Sallenave, A quoi sert la littérature ?, Ed. Textuels, 1997

 

Bibliographie


 
Paysage de ruines avec personnages                  Flammarion                    1975
Le voyage d’Amsterdam                                     Flammarion                    1977
Les portes de Gubbio                                         Hachette      (Folio)         1980
Un printemps froid  (Nouvelles)                         POL  (Points Seuil)        1983
La vie fantôme                                                    POL  (Points Seuil)        1986
Conversations conjugales                                   POL                               1987
Adieu                                                                    POL                              1987
Le don des morts (Essai)                                    Gallimard                       1991
Les trois minutes du diable (Essai)                   Gallimard    (Folio)         1994
Viol                                                                    Gallimard    (Folio)         1997
D’amour                                                             Gallimard                       2002

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ANNIE SAUMONT

 

Annie Saumont est née à Cherbourg (Manche) en 1927. Elle a d'abord été traductrice, spécialisée dans la littérature anglo-saxonne : J. D. Salinger, V. S. Naipaul, Nadine Gordimer, John Fowles...
Ensuite elle s’est consacrée entièrement à l’écriture de nouvelles. Auteur d’une trentaine de recueils, son œuvre aujourd’hui est traduite dans une quinzaine de langues et a été récompensée, entre autres, par l’Académie Goncourt en 1981, la Société des Gens de Lettres en 1989 et l’Académie Française en 2003…
Ses textes sont souvent reconnaissables par un style dépouillé et par un langage oral caractéristique des personnages qu’elle met en scène (enfants, exclus, maltraités…) mais aussi par la grande diversité des sujets abordés, allant des petites scènes de la vie quotidienne jusqu’aux problèmes les plus inquiétants de nos sociétés contemporaines. Mêlant ainsi le léger et le grave, le sérieux et le comique !
C’est sans doute pour cela qu’elle est reconnue par tous comme LA nouvelliste française contemporaine et que ses textes sont étudiés au collège, au lycée et à l’université… et proposés comme modèles dans les ateliers d’écriture.

 « Dans tous ses recueils, Annie Saumont prouve qu’elle est une extraordinaire mécanicienne. Comment fait-elle ? Armée de pinces et de petits tournevis perso, elle démonte pan par pan la réalité humaine. A la faveur de cette dépose, les zones cachées nous sont enfin montrées, révélant la corrosion qui gagne, la fatigue grandissante des organes, la panne qui menace. Cette mécanicienne est aussi une musicienne subtile : simplement, elle fuit l’adagio et l’aria comme la peste. »

 Georges Olivier Chateaureynaud

 Bibliographie (nouvelles)


Enseigne pour une école de monstres                             Gallimard    1977
Dieu regarde et se tait             Gallimard 1979      , H.B. Éditions      2000
Quelquefois dans les cérémonies                 Gallimard                       1981
Prix Goncourt de la nouvelle
Si on les tuait ?                        Luneau-Ascot       1984, Julliard        1994
Il n’y a pas de musique des sphères            Luneau-Ascot                 1985
La Terre est à nous                             Ramsay 1987,       Julliard       2009
Prix de la nouvelle de la ville du Mans
Je suis pas un camion                                   Seghers                          1989
Prix SGDL de la nouvelle
Quelque chose de la vie                   Seghers       1990, Julliard           2000
Le Pont, la rivière                                        A.M. Métailié                 1990
Moi les enfants j’aime pas tellement           Syros-Alternatives         1990
Les voilà, quel bonheur                                     Julliard                      1993
Prix Renaissance de la nouvelle
Après                                                             Julliard                           1996
Embrassons-nous                                         Julliard                           1998
Noir comme d’habitude                                Julliard                           2000
C’est rien, ça va passer                                 Julliard                           2001
Le Lait est un liquide blanc                          Julliard                           2002
Aldo, mon ami                                              Flammarion                    2002
Les derniers jours heureux                           J. Losfeld                      2002
Un soir, à la maison                                     Julliard                           2003
Prix de la nouvelle de l’Académie Française
Les blés                                                         J. Losfeld                      2003
Nabiroga                                                      J. Losfeld                      2004
La Guerre est déclarée et autres nouvelles                                      2005
Koman sa sécri émé                                    Julliard                           2005
Un pique-nique en Lorraine                       J. Losfeld                      2005
Un mariage en hiver                                Éd. du Chemin de fer       2005
La rivière                                                  Éd. du Chemin de fer       2007
Vous descendrez à l’arrêt Roussillon          Bleu autour                    2007
Les Croissants du dimanche                       Julliard                           2008
Gammes                                                        J. Losfeld                      2008
Une voiture blanche                                    Bleu autour                    2008
Autrefois le mois dernier                           Éd. du Chemin de fer     2009

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JACQUES SERENA

 
Jacques Serena est né à Vichy en 1950. Quittant l’école à 16 ans, il travaille en usine, vit de petits boulots, devient marchand forain… Elève aux Beaux-Arts de Toulon, il découvre Beckett et Arrabal, le théâtre, la musique du Velvet Underground, Lou Reed… et l’écriture !
Publié par les éditions de Minuit dès son premier roman, il est rapidement reconnu par la critique et le public. Depuis, de roman en roman, il continue de rechercher la vérité insaisissable de personnages dont il raconte les dérives, errances et autres ratages !

 

Bibliographie

 
Isabelle de dos              Roman                 Minuit                            1989
Bassse ville                   Roman                 Minuit                            1992
Lendemain de fête        Roman                 Minuit                            1993
Paresse                          Nouvelle                                                     1996
Rimmel                        Théâtre                 Minuit                            1998
Gouaches                      Théâtre                 Théâtre ouvert                2000
Voleur de guirlandes    Nouvelle               le Verger                        2000
Quart d’heures. Clients  Théâtre               Solitaires intempestifs     2001
Velvette. Jetée               Théâtre                 Solitaires intempestifs     2001
Plus rien dire sans toi   Roman                 Minuit                            2002
L’acrobate                    Roman                 Minuit                            2004
Les fiévreuses                                            Argol                             2005
Sous le néflier               Roman                 Minuit                            2007


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Anne Serre
 

Le style aussi bien drôle et espiègle que parfois subitement émouvant d¹Anne Serre s’est imposé dès ses premiers romans, Les Gouvernantes et Eva Lone, comme dans son recueil de nouvelles, Un voyage en ballon. Se montrant originale dans les structures narratives de ses récits, Anne Serre déploie récemment son talent dans une nouvelle forme de texte autobiographique qui relève également de ce que les critiques anglo-saxons appellent « l’essai personnel ». C’est ainsi que dans Le·Mat, elle relate certains événements de sa propre vie tout en les mettant en rapport avec une carte mystérieuse du Tarot et avec l’idée critique qu’« un livre, il manque toujours un mot ». Avec brio et authenticité, son œuvre continue d’approfondir ces thèmes essentiels : l’amour perdu, l’amitié véritable, la solitude et la question du jeu de la fatalité et du hasard.

John Taylor

« Car sa jouissance (c¹est d¹une certaine manière, malheureux) ne se trouve que dans le langage. Comment cela est-il arrivé ? Mystère. On ne peut lever le voile sur ces choses qui ont un sexe, composent avec le meurtre, et datent de si vieilles lunes que le pauvre narrateur lui-même, en dépit de ses pouvoirs d¹investigation, n¹en saura probablement jamais le fin mot. C¹est presque ainsi qu¹il est né. Quand il exécute le travail fastidieux de se souvenir, il se retrouve à trois ans par exemple, déjà dans les mêmes dispositions. À trois ans on est tout petit, que sait-on à trois ans ? Eh bien, à trois ans, le narrateur est déjà narrateur, séparé du monde depuis toujours et pour toujours, le considérant avec intérêt et surprise comme une chose très nouvelle. À trois ans, sans doute est-il naturel de considérer le monde comme une chose nouvelle puisqu¹elle date de trois ans. Mais voilà qu¹à sept, c¹est pareil, à douze aussi, et qu¹à dix-sept c¹est encore pire. Chaque année le narrateur naît, regarde et découvre avec surprise le monde qui l¹entoure. Peut-être qu¹il ne cesse de naître. Peut-être que la maladie du narrateur, c¹est de naître sans arrêt plutôt que de grandir, vieillir, s¹accomplir. »

in Le Narrateur, Anne Serre, © Mercure de France, 2004

 

Bibliographie

 
Les Gouvernantes                     Champ Vallon                         1992
Eva Lone                                   Champ Vallon                         1993
Un voyage en ballon                 Champ Vallon                         1993
La Petite Épée du cœur             Le Temps Qu’il Fait               1995
Film                                           Le Temps Qu’il Fait                1998
Au secours                                 Champ Vallon                         1998
Le Cheval Blanc d’Uffington   Mercure de France                   2002
Le Narrateur                             Mercure de France                   2004
Le·Mat                                       Verdier                                     2005

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 JACQUES STERNBERG

 Né en 1923 à Anvers, il connaît l’exode familial dans le sud de la France en 1940. Son père, déporté, meurt dans les camps en 1942. Sorti de la clandestinité, il s’installe dès 1945 à Paris où il vit de petits boulots. Le solex devient son moyen de locomotion privilégié (plus de 250 000 kilomètres parcourus !) quand il ne fuit pas la foule parisienne pour faire du dériveur sur les côtes normandes.
Il commence alors à écrire. Mais ses textes brefs, noirs et fantastiques, pas plus que ses romans ne trouvent d’éditeurs. Ce n’est qu’à partir de 1953 qu’il publie. En 1961, il rencontre Topor qui illustrera plusieurs de ses recueils. À partir de 1967, il livre ses chroniques à plusieurs magazines comme France-Soir, Planète et le Magazine littéraire… Mais c’est surtout avec les quelques 800 contes (publiés en revues et en 6 recueils) où il excelle qu’il est enfin reconnu au point de figurer dans tous les manuels scolaires et en collection de poche…
 

Joël Glaziou

 
« Je n’ai pas d’étiquette précise…La science-fiction, le fantastique, l’humour noir, la terreur, le sens de l’absurde… J’aime bien mélanger le tout parce que je n’aime pas les « genres littéraires ». Cela m’a coûté très cher… De heurter la logique française pour commencer.»
Jacques Sternberg Harfang N°14 (Octobre 1998)

 

Bibliographie (contes et textes brefs)


 

La géométrie dans l’impossible       Arcanes                                            1953
Entre deux mondes incertains         Denoël                                              1957
Univers zéro                                     Marabout                                          1970
Futurs sans avenir                          Laffont                                             1971
Contes glacés                                   Marabout                                         1974
Dictionnaire des idées reçues          Denoël                                             1985
188 contes à régler                           Denoël        (Folio N°3059)           1988
Histoires à dormir sans vous           Denoël        (Folio N°2496)           1990
Histoires à mourir de vous              Denoël        (Folio N°2699)            1991
Contes griffus                                  Denoël                                              1993

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 JOHN TAYLOR

 
Né à Des Moines (Iowa) en 1952, John Taylor vit en France depuis 1977 et à Angers depuis 1987. Critique littéraire au Times Literary Supplement (Londres), ainsi notamment qu’au San Francisco Chronicle, c’est un lecteur attentif et sensible de la littérature française contemporaine. Les récits qu’il assemble et publie depuis 1988, en France et aux États-Unis, témoignent de ces mêmes qualités et surtout, s’alimentent en elles. Plutôt que de nouvelles entièrement orientées par leur chute, il s’agit de (parfois très courts) textes construits autour d’aperceptions, de ces moments où la sensibilité se dédouble de la conscience de ce qu’elle ressent. C’est alors moins le souvenir que le sentiment laissé par sa persistance (il hante), ou son resurgissement, que sert une écriture dépouillée, parfois elliptique, attentive par sa clarté même à traduire les hésitations, les incertitudes et l’enchevêtrement des sensations. La limpidité de son style et l’attention accordée à la restitution fine d’émotions parfois fugaces montrent magnifiquement que la littérature se nourrit aussi de ce qui est là, autour de nous.
 

Philippe Teillet
 

 « Je la regardai retirer l’assiette, la poser sur la table du séjour, puis, là, hésiter, ses mains pendant le long du corps. Elle semblait fixer quelque chose par-delà les rideaux de la fenêtre. Son père vient de mourir, pensai-je, me demandant ce que j’éprouverais quand mes propres parents mourraient. Ma mère se retourna enfin. Me rendant compte que c’était elle - ma mère -, je me sentais non pas honteux, mais plutôt aspiré, emporté au cœur du mystère de notre mêmeté; et au cœur du mystère de ce qui faisait de nous deux être distincts. »

Extrait de Quand l’été fut venu, Dumerchez, 1996.

 

Bibliographie


 Tower Park                                    (Nouvelles)            L’Aube                 1988
Présence des choses passées             (Nouvelles)          L’Aube                 1990
Au cœur des vagues                         (Récit)                  Isoète                   1994
Quand l’été fut venu                       (Récit)                  Dumerchez           1996
Une certaine joie                              (Nouvelles)          Tarabuste             2009
La fontaine invisible                       (Poèmes)              Tarabuste             2013

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INGRID THOBOIS

 
Née en 1980, Ingrid Thobois a effectué de nombreux voyages, dont une année sur la route de L’Usage du monde de Nicolas Bouvier et plusieurs missions d’observation électorales en République Démocratique du Congo, Azerbaïdjan, Moldavie.
Elle a enseigné le Français Langue Etrangère, entre autres à Kaboul en 2003-2004 et a réalisé des reportages presse et radio, notamment en Iran et en Haïti.
En 2007, elle a reçu le Prix du premier roman pour Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés. D’emblée  I. Thobois réussit un roman d’amour pour un pays et pour un homme… Elle plonge le lecteur dans l’intimité d’un pays, l’Afghanistan, loin des clichés médiatiques et dans l’intimité d’une histoire d’amour… Personne ne décrit mieux qu’elle la beauté du monde et des paysage et en même temps sa dureté, l’amour des hommes et en même temps leur cruauté.
Elle vient de publier plusieurs nouvelles dans la revue Senso (N°30 et 33) et « Vetiver » dans Harfang( N° 35).

 
« J’ai écrit ce livre pour dépasser une expérience, la convertir et tout à la fois la fixer. J’ai écrit pour pouvoir continuer à avancer. Publier revient à fabriquer un objet qui est, par définition, tangible, préhensible par tout un chacun. Ainsi, l’histoire écrite devient la propriété de qui veut et elle appartient de moins en moins à l’auteur. Ce premier roman m’a permis de faire mon deuil d’un pays dont j’ai eu du mal à me défaire. Une délivrance ? Non. Je n’étais pas emprisonnée. Un allègement, oui. Je me suis délestée grâce à cette publication. »

Ingrid Thobois, 2008 à propos de son roman


Bibliographie


Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés       Phébus                 2007
L’Ange anatomique                                            Phébus                 2008
Le simulacre du printemps                                 Le Bec en l’air      2008
Nassim et Nassima (Roman jeunesse)                 Rue du monde      2009

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 MICHEL TOURNIER

 
Michel Tournier est né en 1924. Il fait des études de philosophie qu’il complète en séjournant en Allemagne de 1946 à 1950. Après un passage à la radio, il commence à écrire : son premier roman Vendredi ou la vie sauvage est couronné en 1967 par le Grand Prix de l’Académie Française.
En 1970, il reçoit le Prix Goncourt pour Le Roi des Aulnes et il entre à l’Académie Goncourt en 1972... La notoriété est là. Viennent alors d’autres romans dont la caractéristique commune est de faire vivre des mythes. Viennent aussi des textes plus courts, plus proches du récit, du conte que de la nouvelle, peu propice à développer des mythes.
Écrivain sédentaire et nomade, il partage son temps entre un vieux presbytère de la vallée de Chevreuse et de nombreux voyages à l’étranger.


« Dans le Médianoche amoureux, il y a tantôt des contes, idéalistes et affables, inaugurés par le magique et traditionnel « il était une fois... », tantôt des nouvelles écrites à la première personne, réalistes et pessimistes, tranches de vie souvent saignantes et sordides... »

Michel Tournier Le Médianoche amoureux (1989)

 

Bibliographie


Vendredi ou les limbes du Pacifique                 1967            Folio  N°959
Le roi des Aulnes                                                1970           Folio  N°656
Les météores                                                       1975            Folio  N°905
Le vent Paraclet                                                 1977            Folio  N°1138
Le coq de bruyère (contes et récits)                    1978            Folio  N°1229
Gaspar, Melchior & Balthazar (récits)              1980            Folio  N°1415
Giles et Jeanne (récit)                                         1983            Folio  N°1707
La goutte d’or                                                     1985            Folio  N°1908
Petites proses                                                      1986            Folio  N°1768
Le médianoche amoureux(contes et nouvelles) 1989            Folio N°2290
Le miroir des idées (essai)                                   1994            Folio N°2882
Le pied de la lettre                                                                   Folio N°2881
Eléazar ou la source et le buisson                      1996            Gallimard

 

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EMMANUELLE URIEN
 

Emmanuelle URIEN est née en 1970 à Angers. Après une formation universitaire en lettres, langues et gestion internationale, elle a d’abord cherché sa voie, exploré méthodiquement la surface du globe, et mené de longues études au cours desquelles elle a jonglé avec les chiffres en plusieurs langues, sans jamais y trouver son compte.
Il y a quelques années, le démon des mots, qui la traquait depuis l’enfance, la rattrape définitivement : elle écrit. Ses premiers pas d’auteur la conduisent vers les concours de nouvelles, elle y gagne une centaine de prix (dont Harfang en 2004), des lecteurs et un peu d’assurance. Publiée dans de nombreuses revues et anthologies, elle écrit également des fictions pour Radio France.
Elle s’est fait connaître en 3 recueils de nouvelles, tous aussi noirs les uns que les autres. Dans son premier recueil, tout est « court, noir, sans sucre ». Dans son deuxième « toute humanité mise à part ». Quant à son troisième, c’est « une collecte de monstres ». Tels sont les titres de ses recueils qui en disent long sur son art du texte court !

 

Bibliographie


Court, noir, sans sucre               Nouvelles    Quadrature 2010
Toute humanité mise à part   Nouvelles    Quadrature 2006
La collecte des monstres         Nouvelles    Gallimard    2007
Jazz me down                         Nouvelle      Atelier in 8   2008
Tu devrais voir quelqu’un     Roman        Gallimard    2009
Venus Atlantica                     Nouvelle      Atelier in 8   2010

 
« La concision donne une certaine violence, une force au texte ; et toutes ces souffrances que j’écris n’ont pas besoin d’être étalées sur des centaines de pages. Dix suffisent à tout dire. […]Mes monstres sont des gens ordinaires, mais certes pas des saints. J’ai envie, besoin, d’explorer les mécanismes qui nous font basculer dans la tragédie, même si celle-ci, bien souvent, se déroule en secret. […] Raconter le bonheur, ou simplement la routine d’une vie, ne m’intéresse pas. » 

Entretien avec Emmanuelle Urien, in Harfang N° 36, 2010
 

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JEAN VAUTRIN

  

Jean Vautrin, alias Jean Herman est né en l933 en Lorraine. À Paris, il commence une Licence de Lettres, puis il entre à l’I.D.H.E.C. Successivement lecteur de littérature française à l’Université de Bombay, dessinateur humoriste et photographe pour l’Illustrated Weekly, il devient assistant du cinéaste Roberto Rossellini, en Inde. Pendant la guerre d'Algérie, il est affecté au Service Cinéma des Armées : Allemagne, Algérie, Sahara, Afrique équatoriale… Démobilisé, il devient assistant de Minelli et de Rivette.
Après une trentaine de courts métrages, 6 longs métrages et plusieurs séries pour la télévision, il devient scénariste et travaille pendant dix ans avec Michel Audiard.
Au début des années 70, Herman s’efface progressivement devant l’écrivain Vautrin. D’abord avec la publication de volumes dans la Série Noire, puis de recueils de nouvelles… couronnés par des Prix littéraires prestigieux. Enfin en 1989, c’est la reconnaissance du grand public avec le Prix Goncourt pour Un grand pas vers le Bon Dieu
Certains ouvrages ont connu une seconde vie sur les écrans : Canicule grâce à Y. Boisset en 1983, Billy-Ze-Kick grâce à G. Mordillat en 1986 et la nouvelle « Charly Dongo » avec G. Béhat en 1987.
Cinéaste, puis écrivain, Jean Vautrin a même été éditeur pendant quelques années puisqu’il a créé et dirigé L’Atelier Julliard !
Aujourd’hui, l’œuvre se compose d’une bonne vingtaine de romans, d’albums illustrés, de plusieurs volumes des Aventures de Boro, reporter photographe, écrit en collaboration avec Dan Franck… et de cinq recueils de nouvelles, dont le dernier Si on s’aimait ? vient de paraître chez Fayard.

 

Bibliographie


 Bulletins rouges                     Roman                        Gallimard             1973
Billy-Ze-Kick                         Roman                         Gallimard              1974
Mister Love                            Roman                         Denoël                  1977
Typhon Gazoline                   Roman                          J. Goujon             1978
Bloody-Mary                           Roman                        Mazarine              1979
Prix Fictions 79 et prix Mystère Critique 80    
Groom                                    Roman                         Mazarine              1980
Canicule                                Roman                          Mazarine              1982
Patchwork  Prix des Deux-Magots Nouvelles                    Mazarine              1983
Baby Boom    Prix Goncourt de la Nouvelle  Nouvelles   Mazarine              1986
La vie Ripolin     Grand Prix de la SGDL  Roman     Mazarine              1986
Un grand pas vers le Bon Dieu       Roman               Grasset                 1989
Prix Goncourt et Goncourt des Lycéens
18 tentatives pour devenir un saint Nouvelles          Payot                    1989
Courage, chacun                    Nouvelles                   Julliard                 1992
Symphonie Grabuge     Prix Populiste  Roman             Grasset                1994
Le Roi des ordures                  Roman                        Fayard                  1997
Un Monsieur bien mis           Roman                         Fayard                  1997
Le cri du peuple           Prix Louis Guillloux                  Grasset                 1999
L’homme qui assassinait sa vie      Roman                Fayard                 2001
Le Journal de Louise B.        Roman                         R. Laffont            2002
Quatre soldats français :
Adieu la vie , Adieu l’amour         Roman                 R. Laffont            2004
La dame au gant rouge        Roman                          R. Laffont            2004
Si on s’aimait ?                     Nouvelles                     Fayard                  2005

 et en collaboration avec Dan Franck

 Les aventures de Boro, reporter photographe :

La dame de Berlin                        Roman                 Fayard                  1987
Le temps des cerises                      Roman                 Fayard                  1989
Les noces de Guernica                 Roman                 Fayard                  1994
Mademoiselle Chat                       Roman                 Fayard                  1996
Boro s’en-va-t-ten guerre             Roman                 Fayard                  2001


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CECILE WAJSBROT

 
Cécile Wajsbrot nait à Paris en 1954 dans une famille juive polonaise, marquée par la déportation et la mort de son grand-père à Auschwitz. Agrégée de Lettres Modernes, elle enseigne quelques années avant de se lancer dans le journalisme et dans la traduction, tout en continuant à écrire. Elle collabore aux revues Autrement, les nouvelles Littéraires. Aujourd'hui, elle vit et écrit tantôt à Paris, tantôt à Berlin.
Dans la plupart de ses romans, elle tisse les histoires de personnages tiraillés entre passé et présent, entre silence et souffrance, entre oubli et mémoire…. (soit au niveau collectif en abordant la Shoah dans Mémorial ou Beaune la Rolande soit au niveau individuel en traitant des malades d’Alzheimer dans L’Hydre de Lerne). Depuis 2007, à travers un cycle intitulé "Haute Mer", son œuvre explore la création artistique et sa perception tout en continuant à se questionner sur des thèmes existentiels.
 
 

Bibliographie


Une vie à soi                                   Mercure de France         1982
Atlantique                                       Zulma                            1993
Le Désir d’équateur                         Zulma                            1995
Mariane Klinger                             Zulma                            1996
La Trahison                                     Zulma                            1997
Voyage à Saint-Thomas                  Zulma                            1998
Le Visiteur                                      Le Castor astral              1999
Pour la littérature         (Essai)         Zulma                            1999
Nation par Barbès                           Zulma                            2001
Nocturnes            (Nouvelles)           Zulma                            2002
Caspar-Friedrich-Strasse                 Zulma                            2002
Beaune la Rolande                          Zulma                            2004
Le Tour du Lac                               Zulma                            2004
Mémorial                                        Zulma                            2005
Conversations avec le maître          Denoël                           2007
L’île aux musées                             Denoël                           2008
L’Hydre de Lerne                          Denoël                           2011

 
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 ANNE WALTER

 

Anne Walter partage aujourd’hui sa vie entre Paris et Carnac, où elle se consacre entièrement à l’écriture.
Pendant un séjour aux U.S.A comme boursière, elle côtoie Philippe Labro et suit les cours sur la nouvelle de Saul Bellow (Prix Nobel 1976). Revenue en France, elle effectue quelques traductions et travaille dans le cinéma comme scripte (elle fut le témoin privilégié du travail de Max Ophuls qui lui donnera sa première chance et Robert Bresson en 1956) et scénariste à partir de 1969.
Elle publie son premier roman en 1959 et sa notoriété commence à partir de 1987 avec les différents ouvrages publiés aux éditions Actes Sud.

 Bibliographie


Monsieur R.                                                Grasset                 1959
(réédition )                                                   Actes Sud            1989
Les relations d’incertitude (Babel N°110)  Actes Sud            1987
Troisième dimanche du temps ordinaire    Actes Sud            1988
La nuit coutumière                                      Actes Sud            1990
Rumeurs du soir   Nouvelles                       Actes Sud            1990
Le cœur continu                                          Actes Sud            1991
Le petit livre avalé                                       Actes Sud            1992
L’herbe ne pousse pas .sur les mots           Actes Sud            1994
L’inachevé                                                   Actes Sud            1995
La leçon d’écriture                                      Actes Sud            1996
Les rendez-vous d’Orsay                             Actes Sud            1998
Par une lente journée                                  Actes Sud            2002

 

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Laurence Werner David

 

Laurence Werner David est née en 1970 à Angers. Elle est l’auteur de recueils de poésie dont Éperdu par les figures du vent (Prix de la Vocation 1999) et de trois romans.
Depuis Un autre dieu pour Violette jusqu’au Roman de Thomas Lilienstein, Laurence Werner David arpente le labyrinthe des sentiments, fouille inlassablement la psychologie de ses personnages, explore ce qui permet ou empêche de tisser des liens familiaux, conjugaux, amicaux… 
Essayant de recomposer le passé commun et de cerner les liens qui les unissent (dans ce que chacun passe ou transmet à l’autre), elle multiplie les points de vue sur chacun, créant ainsi un puzzle géant qui s’organise au fur et à mesure de l’écriture… parfois autour de pièces qui manquent ou dont la lecture est comme brouillée.
Le lecteur est donc convié à suivre la mise en place des différents éléments de la création romanesque. La lecture agit en révélateur comme lors d’un développement photographique, et permet de faire passer les lieux et les personnages d’un flou originel à une image nette après une mise au point finale.

 Joël Glaziou
 

« Je ne crois pas que l’écriture, même l’écriture de mes romans, ne se pense jamais en dehors de l’acte poétique. Dans la forme roman, il est vrai, qu’une construction scénique est en cours qui existe peu quand j’écris un texte poétique […] La tension n’est pas située au même endroit. Leur origine, aussi, est différente. Quand j’écris dans une forme ou dans une autre, il y a quelque chose qui vient à manquer, et c’est sans doute à partir de ce manque que je travaille l’une et l’autre forme. »
 
Laurence Werner David,
entretien dans Harfang N° 39, 2011

 Bibliographie


 
Éperdu par les figures du vent       poésie          Obsidiane          1999
Un autre dieu pour Violette          roman           Verticales           2003
Contrefort                                      roman           Verticales           2006
Le Roman de Thomas Lilienstein roman       Buchet-Chastel      2011
Cavaliers de la nuit                      poésie          Black Herald         2011

 

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